Les Églises évangéliques chinoises en France

Extrait Diversité culturelle

L’histoire des chrétiens chinois en France est relativement récente. Le développement important de leurs églises n’en est que plus stimulant. L’analyse et les recommandations que fait l’auteur pourront certainement, par leur pertinence, bénéficier à d’autres communautés chrétiennes issues elles aussi de l’immigration.

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Les Églises évangéliques chinoises en France

Nous entendons de plus en plus parler de la Chine aujourd’hui, de sa compétition avec les autres États du monde, de ses produits qui s'imposent dans nos magasins, de sa diaspora et de ses fêtes de nouvel an.


Dans nos milieux évangéliques, nous avons beaucoup entendu parler des chrétiens chinois persécutés à travers la voix de Portes Ouvertes. Nous entendons également parler des Églises chinoises et cela pas uniquement en Île de France. Qu'en est-il au juste de ces Églises ? Comment vivent-elles leur foi ? Et pourquoi leur deuxième génération qui parle français, ne quitte-t-elle pas ces communautés pour se joindre aux Églises « françaises » ?

I - L'HISTOIRE DES ÉGLISES CHINOISES DE FRANCE


En France, selon le professeur Pierre Picquart(1), le monde chinois représentait en 2004 une population déjà estimée à 600.000 personnes. Ce monde chinois comprend essentiellement deux grands groupes : les migrants de la Chine continentale et les migrants d'origine chinoise de l'Asie du Sud-est notamment sino-vietnamiens, sino-cambodgiens, sino-laotiens... Les migrations du monde chinois vers la France se sont déroulées par vagues successives depuis maintenant un siècle. Elles se sont faites essentiellement sur la région parisienne, mais la population d'origine chinoise est naturellement présente dans toutes les grandes et moyennes villes de France. Les « Chinois de France » si nous pouvons les nommer ainsi, forment une communauté hétérogène, parlent différents dialectes, représentent des cultures très différentes.

a) Les premiers chrétiens protestants chinois de la Chine continentale(2)
Dans le 2ème volume du précis d’Histoire des missions intitulé L’essor des missions protestantes, Jacques Blandenier nous apprend que la Chine a été au contact du christianisme sous sa forme nestorienne au 7ème siècle, puis catholique romaine par les franciscains au 13ème, les jésuites aux 16ème et 17ème siècles et les lazaristes au 19ème. C’est aussi au début du 19ème siècle que débutent les missions protestantes. Le pionnier de ces missions en Chine étant l'Écossais Robert Morrison (1782-1834), viennent après lui : l'Écossais William Milne (1785-1822), l'Allemand Karl Gutzlaff (1803-1851), l'Anglais Hudson Taylor (1832-1905) et bien d'autres... Malgré les persécutions durant ces périodes très instables en Chine, il s’avère que 107 ans après Morrison, en 1914, il y avait 5.462 missionnaires protestants étrangers en Chine, dont 1.652 épouses de missionnaires.
De ces missions sont nés les chrétiens protestants de la Chine. Mon arrière-grand-mère maternelle était chrétienne en Chine, elle allait dans les Églises dites souterraines. Les grands-parents de mon épouse allaient aussi dans les Églises de maison en montagne célébrer leur culte au Dieu de la Bible.

b) Les premiers chrétiens protestants chinois de l'Asie du sud-est(3)
Jacques Blandenier décrit aussi dans son livre les différentes missions qui ont eu lieu en Asie du Sud-est. Au Laos, le Dr David Mac Gilvary, un presbytérien américain, puis Gabriel Contesse (1878-1908) et son coéquipier et compatriote suisse Maurice Willy. Au Viêt-Nam, la C.M.A. envoie le Révérend David Lelacheur en 1893, puis en 1895 deux autres missionnaires Reeves et Jaffray. En 1925, M. et Mme Jean Funé, un couple français sorti de l'Institut Biblique de Nogent-sur-Marne, donneront trente-six ans de leur vie. Au Cambodge, la C.M.A. enverra des missionnaires à partir de 1923.
De ces missions sont issus des chrétiens protestants d'origine chinoise de ces pays de l'Asie du Sud-est. Nombreux d'entre eux se retrouveront dans les Églises chinoises en France.
Ce sont ces migrants venus de toute l'Asie, porteurs de l'Évangile venu de l'Occident, qui vont former les Églises « chinoises » de France(4)

c) La première Église chinoise en France
Si les plus anciens de la première Église « chinoise » ne se souviennent plus de l’année exacte de leur première réunion dans un restaurant pour fêter Noël, ils se rappellent que cela a eu lieu sous l’impulsion d’un pasteur chinois d’Angleterre Yio-The Wang, venu en mission pour trouver et rassembler des compatriotes chrétiens de Paris. Avec le soutien précieux de pasteurs français dont Jacques-A. Blocher, Frank Horton, Henri Vincent, Daniel Bordreuil... cette communauté a été enseignée dans la Parole et a été accueillie au sein du monde évangélique baptiste français de l'époque. En 1962-1963, le premier culte en mandarin(5) a eu lieu à Paris, dans les locaux du G.B.U., rue Serpente, avec une trentaine de participants qui étaient pour la plupart originaires de Wenzhou, de Qingtian (Ching Ti), de Hong Kong et du Vietnam. Le 8 mars 1968 le groupe a été officiellement enregistré comme association cultuelle sous le nom de « l’Église Évangélique des Chinois à Paris » (E.E.C.P., Paris 11ème). En 1972, l’Église transfèrera la célébration de ses cultes dans les locaux de l’Église Évangélique Baptiste de la rue de Lille à Paris, lieu où elle se réunira jusqu'en juin 2008. Depuis, elle est installée dans le 19ème arrondissement de Paris au 21 passage Wattieaux dans des locaux qui lui appartiennent.

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Auteurs
Pascal YAU

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1.
Pierre Picquart, L'empire chinois, Éditions Favre SA, Châtenois-les-Forges 2004, p. 201
2.
Jacques Blandenier, L’essor des missions protestantes, Éditions de l'Institut Biblique de Nogent, Éditions Emmaüs, La Bégude de Mazenc 2003, p. 95-128
3.
Ibidem, p 152-162
4.
L'immigration des chrétiens chinois vers la France a des causes diverses et n'est pas due uniquement, ni même principalement, à la persécution
5.
Le mandarin est la langue officielle de la Chine. Même s'il est aujourd'hui enseigné à tous les Chinois, les Chinois plus âgés ne parlent pas tous le mandarin mais d'autres dialectes

Informations complémentaires

Le Pasteur Pascal Yau est responsable de l’Église Évangélique Baptiste de Paris-19ème.

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