Réinventer l'Église: une évaluation

Extrait Présentation de livres

Nous avons déjà présenté plusieurs textes qui dialoguaient autour des thèses du livre de Brian McLaren, « Réinventer l’Église », dans les numéros 61 et 62 des Cahiers. Nous proposons, pour terminer, cette intervention de David Brown, secrétaire général des Groupes Bibliques Universitaires de France qui a été prononcée lors du colloque qui s’était réuni autour de ce livre, le 19 septembre 2006 à Valence.

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Réinventer l'Église: une évaluation

Quand j’ai lu les échanges de mail (« la polémique ») autour du livre, j’avais envie de pleurer de rage ! J’avais le sentiment de me trouver devant une alternative qui ne me satisfaisait absolument pas.

D’un côté, j’avais entre les mains ce livre de Brian McLaren qui apportait une réflexion profonde, je le reconnaissais bien, sur l’Église et sur l’évangélisation dans le contexte actuel, mais qui me laissait sur ma faim sur le plan théologique.

De l’autre côté, j’ai constaté un attachement à la théologie évangélique chez les adversaires du livre, mais, me semblait-il, sans la moindre amorce d’une réflexion sur son vécu dans la société française contemporaine. J’ai lu dans un mail : « En ce qui me concerne, mon choix est fait : Je ne suis ni pour l’Église « moderne », ni pour l’Église « postmoderne » mais pour l’Église du Nouveau Testament, celle dont la nature et le fonctionnement sont révélés par l’Esprit de Dieu dans les « saintes Écritures » (Rm 1.2), celle que Christ aime et qu’il s’est acquise au prix de ses souffrances et de sa mort … ». Bien évidemment. Mais cela ne résout pas les questions bien terre à terre du vécu de cette Église dans le contexte actuel. À moins que l’on ne croie qu’une Église en France en ce début du troisième millénaire sera en tous points identique à une Église au Texas en 1950, à une Église parmi les pygmées en 1900, à une Église à Genève au 16e siècle quant à sa façon de s’organiser et de transmettre l’Évangile, tout en admettant par ailleurs que ces Églises soient fidèles à l’enseignement de la Parole.

Je me suis dit : il faudrait une approche qui réunisse la réflexion sur le vécu de l’Église et la théologie évangélique !

Mais revenons au livre en question : « Réinventer l’Église ». Après l’avoir lu attentivement, je voudrais présenter mes conclusions en trois parties.

A) Quelques bons points du livre de Brian McLaren

Sans pouvoir lister systématiquement les points intéressants du livre, je pense qu’il n’est pas inutile d’en mentionner quelques-uns, surtout ceux qui m’ont fait réfléchir personnellement.

Reconnaître que le monde est en train de prendre un virage, que nous sommes à une époque charnière de transformation rapide et profonde et que nous n’avons pas les cartes du nouveau monde.
• Admettre que des recettes toutes faites n’apporteront pas de réponses, mais qu’il faut « penser avec originalité, d’une  façon innovante, hardie et créative ».
• Faire la différence entre l’Église rénovée (p. 24), l’Église restaurée (p. 25-26) et l’Église réinventée. Pour cette dernière, il faudra « changer radicalement », car un nouveau paradigme est nécessaire : « ce qui compte, c’est le voyage, pas le véhicule qui va vous transporter » (p. 27). Entre parenthèses, je dis « amen » à son affirmation que cela n’a rien a à voir avec la musique : « le plus superficiel, le plus épidermique mais aussi le plus banal des problèmes de l’Église » (p. 35).
• Chercher à bien identifier la mission de l’Église : « davantage de chrétiens, de meilleurs chrétiens, dans une authentique communauté missionnaire, pour le bien du monde » (p. 27).
• Vivre avec une grande lucidité : « J’espère que les chrétiens de la nouvelle Église auront au moins l’honnêteté de reconnaître que notre foi chrétienne ne nous a pas rendus tellement meilleurs. Cette démarche représentera déjà un léger progrès dans l’authenticité » (p. 32).
• Éviter une mentalité de ghetto : « Dans l’Église réinventée, les chrétiens doivent réellement aimer les non-chrétiens » (p. 36).
• Mettre en valeur la dimension artistique dans l’expression de notre foi (p. 65-66).

B) La difficulté du dialogue avec Brian McClaren

Il y a un paradoxe, me semble-t-il dans ce livre entre le but affiché, à savoir ouvrir un dialogue, proposer des pistes à explorer ensemble, et le style qui ferme immédiatement la porte du dialogue. D’autres intervenants tout au long de cette journée ont exprimé leur agacement ou leur frustration face au style de McClaren.

Il faut savoir que Brian McClaren n’est pas théologien de formation mais professeur de littérature et il sait parfaitement utiliser tous les procédés littéraires pour se dédouaner (ceci se constate encore plus quand on lit ces livres en V.O., c’est-à-dire en anglais !).
• Il s’avoue malicieux (dans le sens taquin, espiègle) « Oui, je sais que là j’exagère… ».
• Il utiliser la frappe préventive « Je sais que certains vont tout de suite dire... ».
• Il emploie la caricature humoristique, voire le ridicule, pour faire passer des idées : « Le ‘monde’ sera de moins en moins vu comme un peuple de mauvais garçons dont nous avons peur » (p. 36).
• Il a recours à de fausses antithèses : « le dogmatisme insiste sur certains points particuliers, la foi ne connaît que le Christ » (p. 147).

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Auteurs
David BROWN

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