Que faire de la souffrance ?

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Que faire de la souffrance ?

– Que fait-on de cette souffrance, finalement ? À quoi peut-elle nous servir ensuite ?

– À relativiser, probablement. Cela sert aussi quand on rencontre quelqu’un d’autre qui est lui-même en souffrance. S’il sait qu’on a souffert –et il s’agit d’être discret sur soi, on ne va pas s’épancher ou raconter sa vie– il sera plus enclin à vous écouter, à vous respecter. Mais on risque parfois d’avoir affaire à des gens qui ont tendance à tourner en rond. Ils sont persuadés qu’ils sont les seuls à souffrir ou à avoir des problèmes. Ils ne vivent qu’au travers de leur souffrance, elle est devenue leur raison de vivre ; ils la cultivent. Il est bon de leur rappeler qu’ils ne sont pas seuls à souffrir et qu’il y en a qui s’en sont sortis.

– La Bible, notamment les évangiles, recèle un certain nombre de récits où sont impliquées des personnes handicapées. Que pouvez-vous dire de celui qui concerne un paralysé que des amis amènent à Jésus en passant par le toit ?(1)

– C’est drôle, mais je me suis plus intéressé à ses amis qu’à l’handicapé lui-même. Ce que je trouve sympa, pour ne pas dire plus, c’est qu’ils ont agi en toute générosité, sans penser d’abord à eux-mêmes. Imaginez Jésus de passage dans le coin. Qui n’aurait pas voulu bénéficier de son don de guérison ? Il aurait été légitime que ces amis cherchent à voir, comme tout le monde, ce Jésus dont on parlait tant. On aurait compris, s’ils avaient profité pour eux-mêmes de sa présence. Mais ils ont accepté de mettre en avant leur ami handicapé en l’amenant auprès de lui. Ils n’y sont pas allés d’abord pour eux-mêmes, pour se valoriser, mais pour quelqu’un d’autre.

– Et vous ? Avez-vous trouvé vos porteurs ?

– Oui, quatre ou cinq parmi mes amis et relations proches. Eux savent quand il faut aider et quand il ne le faut pas. Les gens ne savent souvent pas comment s’y prendre ! Certaines nouvelles relations, par exemple, pensent que, puisque j’ai l’air d’avoir accepté mon handicap, on peut en rire. Non, on ne peut pas en rire, ou s’il y en a un qui en rit, c'est moi ! Mais on ne peut pas rire du handicap des autres. Ceux qui prennent l’initiative d’en rire, je trouve cela complètement idiot. Et si je suis visé, je suis dans ces cas-là comme une huître, je me referme, et en général la relation est cassée. Selon moi, ils sont allés trop loin. Cela ne veut pas dire que je ne leur pardonnerai pas, mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’ils n’ont rien compris. Il s’agit souvent de gens qui prennent tout en dérision parce qu’ils sont mal à l’aise et qu’ils n’arrivent pas à gérer la situation. Ou bien ils sont légers sur beaucoup de choses…

– Le message chrétien relativise la place du corps, sans la minimiser. Que dites-vous de la beauté, valeur au top dans notre société ?

– On s’imagine qu’en étant beau on sera bien dans sa peau, alors que la réalité est souvent contraire : c'est en étant bien dans sa peau que l’on est beau. Vous avez des filles censées être des canons mais elles ne sourient pas, alors que des filles plus communes et qui sourient me paraissent plus belles ! Je ne dis pas qu’il faut s’habiller ou se présenter n’importe comment en considérant que la beauté n’est qu’intérieure. Non, il faut maintenir un équilibre. Pour ma part, je considère que je suis différent, et je ne dirais pas que je suis sans intérêt, si vous voyez ce que je veux dire ! En tout cas ma femme peut en témoigner ! On est dans une société où l’on accepte davantage les différences qu’autrefois, même s’il y a encore des progrès à faire. Au moins on n’abuse pas du handicapé, même s’il y a ici ou là des abus médiatisés, ou comme cela se fait dans certains pays où sévissent des mafias qui vivent du handicap des enfants.

Auteurs
Cyril GALLAY

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Informations complémentaires

(1) Luc 5.17-26. Cf. Culpabilité, Paralysie du cœur, de Lytta Basset (Labor et Fides, 2003), précisément consacré à ce récit.

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