L’amour de soi a fait la cité terrestre

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L’amour de soi a fait la cité terrestre

J’ai trouvé, personnellement, dans la révélation biblique, ce « lointain » depuis lequel je peux viser mieux, et qui inspire ma réflexion sur le devenir des villes. Ma recherche consiste à voir dans quelle mesure il est possible de refaire des villes ce qu’elles étaient par essence : des lieux hospitaliers, sans exclusion, où le dialogue et la reconnaissance des diverses communautés vont de soi. Vous savez, beaucoup d’architectes aujourd’hui pensent comme moi. Si certains m’ont tout de suite catalogué en fonction de mon identité chrétienne, d’autres - parmi les plus grands urbanistes français - m’ont dit avoir été troublés et étonnés par mes travaux, mais confiants. Ils admettaient que peut-être il y avait quelque part une finalité que nous devrions atteindre. Parler de Dieu n’est plus tabou, mais cela peut être dangereux dans la mesure où Dieu est banalisé, et mal perçu. C’est pourquoi il m’a paru important de faire la distinction, discutée plus haut, entre le sacré et la sainteté. En fait, j’ai commencé ma réflexion sur le thème du pouvoir.

- Vous écrivez que la ville est le lieu du pouvoir.

- Oui, et c’est peut-être pour ça que tout va mal ! De fait, toute l'historiographie des villes semble vouloir confirmer que la ville a toujours été le lieu du pouvoir dominant, qu'il n'y a de grand urbanisme que quand le pouvoir est fort, et qu'un des buts de l'urbanisme est précisément de conforter le pouvoir. Or, il y a dans la personne du Christ une critique radicale de la manière dont nous concevons le pouvoir. J’ai l’impression que ce qui caractérise le Christ, c’est le renoncement total à l’exercice du pouvoir sur la terre. C’est pourquoi je conclurais sur cette parole bien connue de saint Augustin : « Deux amours ont fait deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu a fait la cité terrestre; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi a fait la cité céleste ». La cité de Dieu naît à travers le renoncement total de l’exercice du pouvoir. Le Christ que nous adorons, s’il est le Christ ressuscité, commence par être le Christ crucifié.

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