Le chemin est la vie

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«Ma grand-mère […] était remplie de noblesse et de bonté, et elle me dit un jour que le bonheur n’est le chemin de nulle part. Que le bonheur est la route». Bob Dylan, Chronicles (trad. PhM)

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Le chemin est la vie

Le premier volume de l’autobiographie de Bob Dylan est assez touchant par sa simplicité et sa franchise. Le chanteur nous avait plutôt habitués à des mystifications réitérées, à des jongleries exaspérantes avec les journalistes, et son livre nous aide à comprendre pourquoi c’était vital pour lui. Ici, enfin, il livre des tranches de sa vie, jusqu’à évoquer sa grand-mère juive originaire d’Odessa, sur la Mer Noire.

On reconnaît bien une sorte de sagesse biblique dans ces propos qui ont tellement marqué le jeune homme que, devenu lui-même grand-père, il en rappelle le souvenir. Nous passons beaucoup de temps à convoiter l’herbe qui est plus verte chez le voisin, à imaginer que demain, il fera soleil, que ça ira mieux qu’aujourd’hui.

Certes, il y a des rêves qu’on réalise, des buts qu’on parvient à atteindre. Mais d’où vient cette impression bizarre qu’on ressent au moment où on a obtenu ce dont on rêvait, cette étrange sensation de manque et de fragilité qui était censée disparaître? Le bonheur, comme la ligne d’horizon, semble toujours nous fuir. C’est ce que disait une grand-mère qui avait pourtant découvert l’Amérique.

Mais tout dépend de la conception qu’on a du bonheur. Pourquoi André Chouraqui s’est-il entêté à traduire les «heureux» des Béatitudes par «en marche» (1) ? Eh bien sans doute parce que le bonheur n’est pas dans l’objectif visé mais dans le cheminement qu’on accomplit pour y parvenir.

Quand Jésus dit: «Je suis le chemin, la vérité et la vie» (2), nous sommes souvent attachés à la notion de vérité; nous méditons trop peu sur l’idée de vie qui est d’une richesse inépuisable; et nous glissons un peu vite sur le terme de chemin. Le chemin n’est pas une ligne purement utilitaire et quasiment abstraite entre ici et là-haut; bien davantage que cela, il est le parcours lui-même, l’acte de cheminer, l’effort en soi, la découverte, l’aventure. En fait, c’est le chemin qui est passionnant. Le chemin est la vie! D’ailleurs, quand on se reporte à l’évocation biblique des «héros de la foi», le texte résume des parcours de vie, en précisant même: «Tous ces gens sont morts en croyant en Dieu. Ils n’ont pas reçu les biens que Dieu avait promis, mais ils les ont vus et salués de loin» (3).

Ils ont connu le bonheur dans la marche. Comme la grand-mère de Bob Dylan.

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