La non-violence chez Martin Luther King

Complet Réflexion
Pour MLK, la fin ne justifie pas les moyens. Ceux-ci annoncent le but recherché.

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La non-violence chez Martin Luther King
Au cours du Mouvement en faveur des droits civiques aux États-Unis, la non-violence fut vécue au jour le jour tant par des adultes que par des enfants.
Martin Luther King fonde son choix décisif de la non-violence en Jésus-Christ. C’est auprès de Gandhi qu’il reprend méthodes et stratégies.

Le but

Cette méthode n’est pas pour les lâches. Sa non-violence est synonyme non pas de passivité mais d’une résistance qui implique une volonté d'accepter la souffrance sans exercer de riposte. La fin recherchée, c'est un changement fondamental, un vivre-ensemble de qualité, plutôt que l'humiliation de l'adversaire. C’est aux forces du mal qui font de lui un adversaire qu’il faut s’attaquer, pas à lui.

Le prix à payer

Certes, agir non violemment peut conduire à rencontrer, voire subir, une souffrance imméritée, mais celle-ci est une graine féconde pour un avenir de qualité. C’est dire qu’un principe réside au centre de cette méthode, celui d’un amour désintéressé, qui voit beaucoup plus loin que la relation interpersonnelle en jeu.
Autant dire que la non-violence s'oppose non seulement à toute violence physique (extérieure), mais aussi à toute violence de type psychologique (intérieure), voire structurelle et étatique. Et une conviction sous-tend enfin cette méthode : l'univers est du côté de la justice.

Le fondement

King développe ainsi une éthique d’hommes et de femmes de bonne volonté décidés à suivre l’enseignement de ce Jésus qui appelait les siens à aimer leurs ennemis, à faire du bien à ceux qui les haïssent, à bénir ceux qui les maudissent et à prier pour ceux qui les calomnient (Luc 6.28). L’acteur non violent désire agir ainsi, en cohérence profonde avec les convictions qui l’habitent, quel qu'en soit le prix. Il expose à la vue de tous l'extrémisme de l'amour.
Conscient du risque de souffrance que fait courir l’exigence forte de la non-violence, King interroge toute personne ou toute organisation désireuse de s’engager et de lutter non violemment. Aura-t-elle la capacité de gérer la violence infligée par l'autre (individu ou structure) ? Autrement dit, il incite à approfondir la question du fondement – quel qu’il soit, politique, spirituel ou autre – de la résistance non violente.

Plus qu’une tactique

Souffrir et se sacrifier sont deux verbes difficilement compris aujourd’hui. Pour King, il n’est pas question d’entraîner l’autre dans sa souffrance, voire sa mort. Si le sacrifice peut aller jusqu’au don de sa vie, c’est en vue d’un nouveau vivre-ensemble.
La résistance non violente incarnée par King ne se réduit donc pas à une tactique, mais exige, au contraire, un engagement, une volonté de mettre en œuvre des moyens qui annoncent la « communauté bien-aimée » recherchée. Cela ne peut se traduire que par un refus radical de la violence, pour ne pas dire du meurtre. Pour lui, elle défigure et réduit son auteur, peut-être plus encore que celui qui la subit.

Un principe de vie

Il s’agit d’accomplir ce que l’on doit accomplir, non parce que c’est le bon moment, que les moyens sont enfin à disposition ou les médias au rendez-vous, parce que le résultat est connu d’avance ou pour quelque autre raison à court terme, mais seulement et pleinement parce que la confiance en un Autre le dicte. Cette confiance est précisément celle qui permet de croire, en dépit des aspérités du parcours, que la victoire sera remportée.

Lors du boycott des bus

Des mois durant, la population noire de Montgomery en Alabama alla majoritairement à pied. Un jour, un policier blanc en voiture arrête son véhicule et invite une vieille femme à y monter. La femme décline l’offre en précisant : « J’ai mal aux pieds, mais l’âme en paix. » En quelques mots, l’essentiel était dit. Sa formule soulignait l’enjeu perçu. Sur ses lèvres, celui-ci dépassait de loin quelque victoire au sujet des lois régissant les transports publics locaux. En évoquant le repos de son âme, elle pointait qu’elle discernait un enjeu spirituel.

Durant la Campagne de Birmingham

Quelques années plus tard, en 1963, des milliers de personnes se sont rassemblées dans une église pour marcher ensuite vers la prison locale. À la sortie de l’église, le shérif « Bull » Connor les attendait avec des troupes, munies de lances à incendies, camions et chiens policiers, et leur donna l’ordre de rebrousser chemin. Un proche de King n’oublia jamais cette scène :
« On demanda à chacun de s’agenouiller. Puis quelqu’un commença à prier, avant que l’on entende ces vieux chants traditionnels. Et pendant que ces gens priaient en gémissant et pleurant, j’essayai de parlementer avec « Bull » Connor. C’était très difficile, car il voulait tous nous arrêter, lorsque tout à coup une femme s’exclama : « Dieu conduit ce Mouvement. Nous nous rendons tous à la prison. » Elle se leva et se mit en marche. « Bull » Connor hurlait : « Arrêtez-les, arrêtez-les ! » Les pompiers laissèrent tomber les lances à leurs pieds sans en faire usage. Les chiens se calmèrent tout à coup. Quelqu’un cria : « Le Grand Dieu tout-puissant a séparé les eaux de la mer Rouge une nouvelle fois. »
Ce jour-là – mais le cas n’est pas unique –, l’inattendu fit irruption.

Un fils à son père

« Daddy, je ne veux pas te désobéir, mais je me suis promis d’aller [manifester]. Si tu essaies de m’enfermer à la maison, je trouverai le moyen de m’évader. Si tu penses que je mérite d’être puni pour cela, j’accepterai la punition. Parce que, vois-tu, je ne fais pas seulement cela parce que je veux être libre. Je le fais aussi parce que je veux la liberté pour toi et Mama, et je veux qu’on l’ait avant que vous soyez morts. »
Auteurs
Serge MOLLA

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