7 août 1547. John Knox et la France

publié le 7 August 2021 à 02h01 par José LONCKE

7 août 1547. John Knox et la France
Sur le sol français, le célèbre John Knox, le réformateur écossais, aura une influence non négligeable, aussi bien à Nantes qu’à Dieppe.

7 août 1547. John Knox et la France

A Nantes
Ayant été fait prisonnier, les galères où il fut retenu enchaîné commencèrent pour le 7 août 1547. Après avoir touché Fécamp, la flotte remonta la Seine jusqu’à Rouen Le 6 octobre les galères passaient à Cherbourg puis gagnaient Nantes.
et passèrent en Loire tout l’hiver de 1548. Ce séjour prolongé, les moyens de toute sorte qu’on mit en œuvre pour le convertir, ses luttes, son énergique résistance, sa ténacité indomptable donnèrent lieu à une véritable agitation dans la ville.
 Voici comment Thomas M’Crie raconte cet épisode de la vie de son héros :


....  Les autres, avec Knox, furent transférés à bord des galères, chargés de chaînes et traités comme les catholiques traitaient alors ceux qu’ils regardaient comme hérétiques.
De Rouen, les galères vinrent à Nantes, et passèrent en Loire tout l’hiver suivant. Tout fut employé, mais en vain : sollicitations, menaces, violences même pour amener quelqu’un des captifs à abjurer et à reconnaître l’autorité du Pape; pas un d’eux ne faiblit. Pendant que les galères stationnaient en Loire, on disait souvent la messe ou on chantait le Salve Regina sur la rive, de manière à être entendu des galériens qu’on forçait à venir sur le pont et qu’on menaçait de châtiment s’ils ne donnaient pas des signes de respect ; mais, au lieu d’obéir, ils se couvraient la tète dès que la cérémonie religieuse commençait.

Dans son livre “The History of the Reformation in Scotland", Knox a raconté lui-même « une plaisante aventure » qui eut lieu dans une de ces occasions.
Il en fut probablement le héros, bien qu’il ne le dise pas expressément. Il avait tendance en effet à raconter des anecdotes personnelles à la troisième personne. Une belle peinture, représentant la Vierge, fut un jour apportée sur une des galères, et on ordonna à un prisonnier écossais de lui donner un baiser en signe d’adoration religieuse.


-  « Je n’en ferai rien, dit le prisonnier, de telles idoles sont maudites, je n’y toucherai pas.
-  « Vous le ferez pourtant, reprit un officier en la lui appliquant de force sur la bouche. »
  Alors, le prisonnier, saisissant vivement l’image, la jeta dans la Loire en s’écriant :
-« "Let our Lady now save herself: she is light enough: let her learn to swim." Que Notre Dame à présent se sauve elle-même! Elle est assez légère pour cela. Qu’elle apprenne à nager! » (Thomas M’Crie, The life of John Knox, p  41-42).

Il faut noter également, qu’au 16ème siècle, le mot « légère » était également utilisé, lors de la description d’une femme, pour signifier son immoralité et sa dépravation sexuelle...
Avec son humour, ce grand meneur d’homme savait mettre les rieurs de son côté.
Les officiers eurent de la peine à sauver leur Vierge des flots et, depuis lors, selon Knox, les prisonniers écossais ne furent plus contraints d'effectuer de telles dévotions.

On se raconta les incidents de cette persécution, le courage et les réponses mordantes du persécuté ; on voulut voir l’homme lui-même, on chercha à connaître ses idées et ses croyances. Ces faits, et d’autres analogues, éveillèrent l’esprit de recherche.
On lut avec ardeur la Bible, qui venait d’être traduite en français ; on fut frappé du désaccord flagrant des enseignements avec plusieurs de ceux de l’Église romaine, et on penchait d’ailleurs, même avant tout examen, du côté des victimes contre les persécuteurs. Alors se posa, devant toute conscience honnête et religieuse, la grave question : « Est-ce à Dieu ou aux hommes qu’il faut plutôt obéir? » ... Ce travail fut rapide, profond, étendu, quoique soupçonné à peine. Quand on s’en aperçut il n’était déjà plus temps de le combattre ; le sol était miné partout. Artisans, bourgeois, négociants, magistrats même, toutes les classes étaient atteintes, tous les quartiers de la ville (de Nantes) comptaient des adhérents aux idées nouvelles.


Libéré en 1549, après dix-neuf mois,  il se rend en Angleterre et il devient chapelain du jeune roi Édouard VI d'Angleterre. À l'avènement de Marie Tudor en 1553, il s'enfuit d'Angleterre, gagne la France puis Genève
En 1555, il rentre en Écosse y prêcher la Réforme calviniste, mais doit de nouveau s'enfuir pour ne revenir définitivement qu'en 1559.

A Dieppe :
L’église, « dressée » en 1557, s’est considérablement développée grâce à la présence de Knox.
Le 28 janvier 1559, laissant sa femme et ses deux fils à Genève, John Knox se rend à Dieppe en plein hiver à travers une France où s’évit la répression et où monte la révolte. Il arrive le 19 février.
Attendant un passeport qui ne viendra pas, John Knox fait ce qu’il sait le mieux faire : il prêche dans les assemblées secrètes de Dieppe, où il obtient un succès grandissant. Les témoignages rapportés par Nicolas Poulain disent que

« le nombre des fidèles augmenta. Tellement qu’ils osèrent aller écouter en plein jour, tandis que jusqu’alors ils n’avaient osé y aller que de nuit ».

La même source mentionne plusieurs conversions « entre les mains de Monsieur Knox » le 30 mars 1559.
La prédication est suivie d’effets moraux.

« Alors les filles débauchées qui étaient dans les lieux de prostitution commncèrent ^peu à peu à se retirer de Dieppe, voyant qu’elles étaient détestées et méprisées de tout le monde et qu’elles ne gagnaient plus rien ».

Une lettre de l’église de Dieppe à Calvin, le 12 avril 1559, confirme la popularité de Knox.


« Toute l’église qui est ici au Seigneur et le ministre d’icelle vous saluent, autant en fait maître Jean Knox, Écossais, singulier organe du Saint-Esprit, lequel selon les grâces que le Seigneur a prodigalement épandues en lui, s’est fidèlement employé pour promouvoir, par saintes prédications, la gloire du Christ durant le peu de temps qu’il lui sera loisible de converser avec nous ».

Cette embellie dura jusqu’au 31 mai, lorsque arriva le grand vicaire de l’évêque de Rouen. Le pasteur Des Roches, envoyé » de Rouen pour succéder à Knox dut fuir et l’assemblée rentra en clandestinité. A cette date Knox avait gagner l’Écosse depuis un mois pour être le réforme de son pays.

Source :
Histoire de l’Église réformée de Nantes depuis l’origine jusqu’au temps présent, Paris, G. Fischbacher, 1880, chapitre 1
« John Knox, un héros méconnu de la réforme », Marie-Thérèse Courtial, Revue Réformée 195,  1997/4, p 55-59.
Roderick Graham, John Knox : Man of Action, Saint-Andrew Press, 2013, p 65.
Pierre Janton, John Knox, p 222-228.

 

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