Le début de la vie chrétienne et la nature de l'Église

Complet Histoire et théologie

Il existe en France un dialogue entre la fédération Baptiste et les Églises luthériennes et réformées. Le texte qui suit est le résultat d’un dialogue semblable au niveau européen. Il n’est pas un résultat définitif ni une confession de foi, mais un texte de travail qui est proposé aux Églises pour qu’elles poursuivent le réflexion. Il sera précieux à tous ceux qui veulent établir des relations fraternelles sur le plan local avec les autres Églises protestantes.

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Le début de la vie chrétienne et la nature de l'Église

[Dialogue entre la Communion d’Églises Protestantes en Europe (communion ecclésiale de Leuenberg) - et la Fédération Baptiste Européenne]

INTRODUCTION

Nous vous proposons ci-dessous les conclusions d’un dialogue mené entre 2002 et 2004 par des représentants de la Fédération Baptiste Européenne (FBE) et la Communion d’Églises Protestantes en Europe - Communion ecclésiale de Leuenberg (CEPE). Nos délégations n’avaient pas le mandat d’élaborer des décisions officielles liant nos communions, leurs Églises ou fédérations membres. Tout en n’ayant pas de statut ecclésial officiel, ces conclusions revêtent une autorité qui dépasse celle d’un simple rapport d’experts. Nos deux organisations avaient en effet demandé ce dialogue pour approfondir la communion et la coopération entre elles. Nous, les deux signataires - le président de la délégation FBE et celui de la délégation CEPE - espérons que ces conclusions permettront d’intensifier notre communion à tous les niveaux. Nous faisons précéder le texte proprement dit d’un bref rapport retraçant le processus et l’histoire de ce dialogue. Nous rendons attentifs aux contenus majeurs de la déclaration finale et donnons quelques indications pour promouvoir sa réception.

I. Origine et histoire du dialogue.

Avec les Églises méthodistes européennes un premier groupe d’Églises dites « libres » avait rejoint la Communion Ecclésiale de Leuenberg (décision en 1994, finalisation en 1997). Ce fait a conduit en novembre 1996 la fédération des paroisses évangéliques libres allemandes (Bund Evangelisch-Freikirchlicher Gemeinden in der Bundesrepublik Deutschland - BEFG) à adresser une demande de dialogue en vue d’une possible coopération au comité exécutif de la Communion Ecclésiale de Leuenberg (CEL). Après l’accord de cette dernière en 1998, une première série de dialogues entre les Églises signataires de la Concorde de Leuenberg et les Baptistes se tint en 1999/2000. Cette démarche de la BEFG avait été approuvée par la FBE et avait dès le départ une visée européenne. Les deux délégations étaient cependant essentiellement constituées de théologiens allemands.

Le rapport final de cette première série de dialogues a été rédigé en février 2000(1). Il explique l’intérêt baptiste à ces dialogues par le souci de ne pas être tenu à l’écart des rapprochements européens. Une communion approfondie avec les Églises unies dans la CEL serait un signe de réconciliation. Dans un premier temps les baptistes souhaitaient une « coopération plus intense », le but à long terme consistant à devenir « membre de la communion ecclésiale de Leuenberg ». Le rapport de cette première série de dialogues FBE-CEL reprend le schéma de la Concorde de Leuenberg. Après avoir souligné les points d’accord dans la compréhension de l’Évangile (I,2) on passe à l’étude des condamnations de l’époque de la Réforme (II,2). Malgré la mise en évidence de convergences significatives, on ne parvint pas encore à des résultats définitifs. On s’accorda cependant pour dire que les convergences données représentaient une base solide pour une coopération approfondie à tous les niveaux. On décida de poursuivre l’étude théologique des questions demeurant séparatrices. Ce rapport final fit trois propositions concrètes : la mise en place d’un dialogue théologique entre les baptistes et les Églises de Leuenberg, une possible participation baptiste aux dialogues doctrinaux de la CEL et l’accompagnement de ce dialogue européen par des entretiens au niveau national (IV).

Les deux instances mandatrices répondirent positivement à ces propositions. Lors de sa session de 2000 à Riga (Lettonie) le Conseil de la FBE décida d’un dialogue avec la CEL. L’assemblée générale de la CEL réunie à Belfast en 2001décida de son côté d’entamer un dialogue théologique à propos du baptême avec des représentants des fédérations baptistes européennes. Ce dialogue pourrait être élargi à tous les thèmes s’avérant être des obstacles sur le chemin de la communion ecclésiale(2). L’assemblée générale décida en outre que des représentants de la FBE pouvaient participer aux dialogues théologiques au sein de la CEL en tant qu’observateurs. Nous nous réjouissons que chacun des deux dialogues actuellement en cours compte un représentant baptiste. L’échange théologique entre nos communions s’en trouve renforcé.

Le comité exécutif de la CEL constitua en décembre 2001 une délégation en vue du dialogue avec les baptistes. Il en confia la direction à l’évêque Dr. Martin Hein (Kassel, Allemagne), lui-même membre suppléant du comité exécutif. La délégation de la FBE pour le dialogue fut de son côté conduite par le secrétaire général de la FBE, Dr. Theodor Angelov (Sofia, Bulgarie).

Une première rencontre des deux délégations eut lieu en octobre 2002 à Hambourg, où les participants furent les hôtes de l’œuvre diaconale baptiste Albertinen. Les compréhensions respectives du baptême et ses fondements bibliques furent au centre des débats. Une importante introduction au modèle de communion ecclésiale proposée par la Concorde de Leuenberg permit de mettre en place le cadre général du dialogue.

La seconde rencontre se tint en juin 2003 à l’académie de Hofgeismar où les délégations étaient les hôtes de l’Église protestante de Kurhessen-Waldeck. À côté de la compréhension du baptême le dialogue aborda celle de la foi et de l’Église, des thèmes introduits par chacune des deux traditions. Dès la fin de cette rencontre les deux délégations étaient confiantes et pensaient pouvoir parvenir à un texte commun dès la prochaine session. Une sous-commission de 6 personnes prépara une première esquisse lors d’une rencontre à Berlin en décembre 2003.

Le présent texte est le fruit de la session finale qui a pu être organisée du 23 au 25 janvier 2004 au séminaire théologique baptiste international de Prague. Le projet de la sous-commission y fut discuté, amendé et modifié dans des séances plénières et des sessions en groupes. Au terme de cette rencontre le présent texte fut accepté à l’unanimité par les 18 participants présents. Ce résultat significatif qui a pu être obtenu en un laps de temps relativement court exprime la confiance croissante et traduit l’atmosphère cordiale qui régna entre les deux délégations. L’écoute de l’Écriture et la prière communes occupaient une place importante lors de toutes ces rencontres.

II. Le contenu du rapport final

Le dialogue entre la FBE et la CEPE ne prétend pas avoir réglé définitivement les questions théologiques controversées. Il n’énumère pas non plus tous les éléments d’accords au niveau de la doctrine et de la pratique, des données que l’on trouve dans de nombreux autres dialogues et en particulier dans les conclusions des dialogues mondiaux entre les baptistes et les réformés (1977) d’une part, les baptistes et les luthériens de l’autre (1990)(3).

Notre dialogue souhaite avancer sur la question centrale, la possibilité de la communion ecclésiale.

Cet objectif détermine la structure et les accents particuliers de notre texte. Dans un premier point il fallait brièvement et clairement décrire notre accord dans la compréhension de l’Évangile - à la manière de la Concorde de Leuenberg ou de la déclaration de communion avec les méthodistes. Nous sommes reconnaissants que nous ayons pu y parvenir en recourant ensemble à une citation de la Concorde de Leuenberg. Les deux paragraphes complémentaires exposent les fondements bibliques et le caractère engageant de l’Évangile.

Les réflexions à propos du baptême, la seconde partie du document final, représentent le cœur de la déclaration. Cette partie provoquera - nous en sommes conscients - les discussions les plus vives d’autant plus que nous avons pu aller au-delà de toutes les conclusions des dialogues antérieurs. Nous sommes convaincus que pareil élargissement des perspectives permet de dépasser les obstacles qui demeurent souvent entre les baptistes et les autres Églises protestantes.

La troisième partie aborde une thématique qui, de l’avis de nombreux théologiens, est le lieu d’une profonde différence entre les baptistes et les Églises réformatrices classiques : l’ecclésiologie. Nous avons pu constater que les oppositions supposées entre le simple congrégationalisme des baptistes et l’ecclésiologie plus institutionnelle des Églises de la CEPE devaient beaucoup à des présupposés que la réalité ne confirme pas. Nous avons pu parvenir à des affirmations communes sur la nature et la mission de l’Église à la lumière desquelles les structures ministérielles différentes ne semblent plus séparatrices. Nous avons pu constater un profond accord à propos de la vision de l’unité de l’Église comme diversité réconciliée en Christ. Certaines formulations sont inspirées du dialogue norvégien entre l’Église luthérienne et les unions baptistes de ce pays(4). Nous avons cependant pu aller au-delà et approfondir les convergences comme notre texte l’atteste.

La dernière partie du document tire les conclusions des paragraphes précédents et en formule les conséquences. Il a, pour nous, été difficile de constater que les préalables pour un pleine communion ecclésiale à l’image de celle proposée par la Concorde de Leuenberg ne sont pas encore données. Mais de nouveaux pas sont possibles et vivement recommandés.

Notre langue de travail ayant été l’anglais, la version officielle de notre déclaration finale est la version anglaise. Des traductions allemande et française ont été faites ultérieurement et sont transmises aux différentes Églises.

III. La réception

En transmettant ce rapport aux instances mandatrices, le deux délégations ont rempli leur mission. Il revient aux mandants de définir les nouvelles étapes.

Le comité exécutif de la Communion d’Églises protestantes en Europe et le conseil exécutif de Fédération Baptiste Européennes ont constamment été informés de l’avancée des travaux. Ils ont transmis leurs attentes aux délégations.

Le comité exécutif de la FBE a, lors de sa session d’Erivan du 1 au 4.4.2004, pris la décision suivante :

Lors de la réunion du Conseil de la FBE en septembre 2004, les fédérations membres seront invitées à recevoir ce rapport avec reconnaissance et à le discuter (en particulier dans les pays où sont présentes un nombre significatif d’Églises de la CEPE).

Le Conseil de la FBE invite les fédérations membres qui le souhaitent à entrer dans des conversations bilatérales avec les Églises CEPE de leurs pays. Le présent rapport servira de point de départ et permettra de sonder les possibilités d’une communion plus étroite.

Tout en sachant qu’une pleine communion ecclésiale n’est pas encore possible, la FBE veut poursuivre les bonnes relations engagées avec la CEPE et coopérer dans les domaines qui feront progresser notre témoignage commun, la mission de Dieu dans l’Europe contemporaine.

Le comité exécutif de la CEPE a pris des décisions analogues lors de sa session du 23 au 25 avril 2004 à Spire :

« Le comité exécutif exprime sa reconnaissance pour ces dialogues fructueux avec la FBE à la délégation CEPE et plus particulièrement à son président, l’évêque Dr. Hein. Il considère que la déclaration finale Le début de la vie chrétienne et la nature de l’Église représente un pas important sur le chemin d’une communion approfondie entre les Églises de la CEPE et la FBE. Il invite ses Églises membres à entrer en dialogue avec les Fédérations baptistes de leurs régions et leur demande de prendre position face au présent rapport. L’assemblée générale de 2006 aura à décider des pas ultérieurs ».

C’est dans cet Esprit que nous présentons ce rapport aux Fédérations de la FBE, aux Églises membres de la CEPE et à tous les chrétiens que ces réflexions pourraient intéresser. Nous espérons que les affirmations théologiques seront étudiées avec soin et que des conséquences pratiques en seront tirées, là où cela est dès à présent possible.

Pour les deux délégations :

Dr. Theodor Angelov (Sofia) - Secrétaire général de la FBE

Dr. Martin Hein (Kassel) - Évêque de l’Église protestante de Kurhessen-Waldeck, membre suppléant du comité exécutif de la CEPE

DOCUMENT FINALPartie I : L’Évangile

1. Nous confirmons les affirmations de la Concorde de Leuenberg à propos de l’Évangile comme exprimant notre compréhension commune de l’Évangile. L’Évangile proclame Jésus-Christ, le salut du monde, accomplissement de la promesse faite au peuple de l’ancienne Alliance.

a) Les Réformateurs en ont la juste compréhension dans la doctrine de la justification.

b) Ce message rend témoignage à Jésus-Christ, l’incarné en qui Dieu s’est lié à l’homme ; le crucifié et le ressuscité qui a pris sur lui le jugement de Dieu et a manifesté ainsi l’amour de Dieu pour le pécheur ; et celui qui vient et qui, comme juge et sauveur, conduit le monde à son accomplissement.

c) Par sa parole, Dieu appelle dans le Saint Esprit tous les hommes à la conversion et à la foi, et confère au pécheur qui croit sa justice en Jésus-Christ. Celui qui met sa confiance en l’Évangile est justifié devant Dieu à cause de Christ et libéré de l’accusation de la loi. Appelé à la conversion et au renouvellement quotidiens, il vit avec la communauté, dans la louange de Dieu et le service du prochain, dans l’assurance que le règne de Dieu s’accomplira. Ainsi, Dieu crée une vie nouvelle et instaure au sein du monde le commencement d’une humanité nouvelle.

d) Ce message rend les chrétiens libres pour un service responsable dans le monde, et prêts aussi à souffrir dans ce service. Ils reconnaissent que la volonté de Dieu, qui exige et qui donne, englobe le monde entier. Ils s’engagent pour la justice terrestre et la paix entre les individus et entre les peuples. Il est nécessaire, en conséquence qu’ils recherchent avec d’autres hommes des critères rationnels appropriés et qu’ils participent à l’application de ceux-ci. Ils le font dans la certitude que Dieu maintient le monde, et en assument la responsabilité devant son jugement.

e) En comprenant l’Évangile de cette façon, nous nous plaçons sur le terrain des symboles de l’Église ancienne et reprenons à notre compte la conviction commune aux confessions de foi de la Réforme que l’exclusive médiation salvatrice de Jésus-Christ est le centre de l’Écriture et que l’annonce de la justification, en tant qu’annonce de la libre grâce de Dieu, est la norme de toute prédication de l’Église.

(Section II. [La compréhension commune de l’Évangile], Art. 7-12 de la Concorde entre Églises issues de la Réforme en Europe - Concorde de Leuenberg).

2. L’Évangile, proclamé dans les écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament et confessé par l’Église, est l’invitation particulière de Dieu à participer à son amour révélé en Jésus-Christ par le Saint Esprit. L’Évangile de Jésus-Christ met en œuvre l’amour de Dieu en nous conduisant du péché à la foi à travers une repentance joyeuse et l’obéissance à la volonté de Dieu. Le contenu de l’Évangile peut être décrit comme l’œuvre salvatrice de Dieu au profit des humains : il les sauve par grâce au moyen de la foi (Ép 2.5 ; Rm 10.9) ; il les justifie sans condition (Rm 3.21-24) ; il les accepte dans la communion avec lui (Lc 14.21-23 ; 15.22-24), il les sanctifie en leur pardonnant les péchés (Hé 9.13s ; 10.14) et les renouvelle à l’image du Christ (Col 3, 10 ; 2 Co 3018) afin qu’ils mènent une vie nouvelle (Rm 6.4).

3. Obéissant à la volonté de Dieu et soucieuse d’accomplir le mandat de Jésus-Christ, l’Église est engagée à proclamer l’Évangile par :

a) le partage de la Parole de Dieu, et plus particulièrement du message de la justification et de la sanctification de l’« impie » (Rm 4.5 ; 5, 6 ; 1 Co 1.30)

b) le baptême au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit (Mt 28.19)

c) la célébration du Repas du Seigneur (1 Co 11.23-26)

d) la vie des disciples et la recherche de l’unité (Jn 17.20-23).

Partie II : La foi chrétienne et le baptême

Dans l’événement du baptême d’une personne, l’Église chrétienne célèbre la promesse irrévocable de Dieu qui veut nous rencontrer, nous les impies, dépasser notre impiété et être en communion avec nous en ce temps et dans l’éternité. Dans le baptême il y a rencontre de l’amour de Dieu et de la réponse humaine de la foi. Le baptême unit le baptisé avec la communauté baptisante et avec tous les chrétiens, afin qu’ils existent ensemble comme Église une de Jésus-Christ. Comme « lien d’unité » entre les chrétiens, le baptême renvoie à Jésus-Christ comme fondement de cette unité qui est plus forte et plus stable que toutes les divisions au sein de la chrétienté. C’est pour cette raison que les Églises chrétiennes reconnaissent tout baptême accompli conformément à l’Évangile et se réjouissent à cause chaque personne qui est baptisé.

1. La foi naît de la proclamation de l’Évangile et est rendue possible par le Saint Esprit (Rm 10.14-17 ; Ga 3.1-5). La foi n’est donc pas une décision préalable de la personne humaine, mais la confiance en Dieu qui nous rencontre, nous les impies. Ainsi la foi s’exprime dans une vie volontaire de disciple ou dans l’obéissance (Rm 1.5).

Nous nous approprions la compréhension commune qui a déjà été atteinte dans des dialogues antérieurs entre les Baptistes et d’autres Églises protestantes. En nous référant aux conclusions du dialogue entre l’Alliance Baptiste mondiale et la Fédération Luthérienne Mondiale (Chap. II.1 : L’état de la question), nous confirmons :

« [Nos Églises] ont fondamentalement la même compréhension de la foi et de la suivance. Nos discussions ont montré que, de part et d’autre, les réserves et craintes dont nous avions hérité ne concernent pas le fond de ces questions mais, au contraire, elles signalent les dangers qui peuvent naître de l’insistance unilatérale sur un point ou un autre au fil de l’évolution des traditions. Tous deux nous considérons que la foi est la réponse appropriée à l’invitation bienveillante de Dieu. Elle est un événement qui renouvelle la vie, et un processus qui dure la vie entière. Elle signifie un engagement total et confiant envers Dieu, mis en pratique dans la suivance ».

Les baptistes devraient davantage prendre en considération la foi comme don de Dieu. D’autres protestants devraient ne pas oublier que le don divin de la foi appelle nécessairement une réponse humaine et rend possible une vie renouvelée. La foi apparaît simultanément comme un don gracieux de Dieu et un acte du croyant individuel.

2. Le don du Dieu trinitaire, reçu dans la foi, est la participation de Dieu à la vie des personnes qu’il a créées et acceptées et le don de Dieu qui nous fait partager sa propre vie. Par cette participation, l’amour de Dieu est une réalité qui peut être expérimentée.

Cette réalité est le « oui » de Dieu devenu événement en Jésus-Christ (2 Co 1.19s.). Dans la foi en Jésus-Christ, les humains pécheurs font l’expérience de l’amour créateur et réconciliant du Dieu trinitaire. Ils le confirment par leur propre « oui » de telle manière qu’ils se savent eux-mêmes partie prenante de l’histoire de cet amour : les croyants ont l’assurance que rien ne pourra les séparer de l’amour de Dieu donné en Jésus-Christ notre Seigneur (Rm 8.38s.). Dans le baptême au nom du Dieu trinitaire, l’Église chrétienne célèbre la victoire de l’amour de Dieu sur l’impiété humaine et tous les pouvoirs de destruction que notre impiété, notre manque d’amour et notre absence d’espérance pour ce monde ont engendrés. La mort est engloutie dans la victoire…Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ (1 Co 15.54ss.). Pour cette raison le baptême est le lieu où les personnes peuvent dans la foi dire « oui » à Dieu, qui les a déjà acceptées dans la victoire de l’amour.

3. Dans le baptême le Dieu trinitaire atteste au baptisé qu’il a par l’Évangile part à l’histoire de Jésus-Christ, à sa vie terrestre, à sa mort et à sa résurrection. La baptisé est scellé par Dieu dans la vérité de l’Évangile que croient les chrétiens (2 Co 1.21s.; Ép 1.13s.). Ainsi le baptême est le signe et l’événement central de l’initiation ou du début de la vie chrétienne, mais non l’ensemble de ce début. L’initiation demeure incomplète tant que le baptême n’est pas accompagné par la repentance et une « nourriture » (éducation) chrétienne initiale qui permet d’atteindre le point où une personne peut donner sa propre réponse reconnaissante au « oui » de Dieu, est engagée dans le service en ce monde et participe pour le première fois au Repas du Seigneur. Par tout ce processus initiatique, dont le centre est le baptême, le disciple chrétien appartient irrévocablement à Jésus-Christ et a part à la liberté des enfants de Dieu accomplie par la mort et la résurrection du Christ. Baptisé en la mort de Jésus-Christ (Rm 6.3) le « vieil homme » esclave du péché a été crucifié et enseveli avec lui afin d’être ainsi libéré du péché (Rm 6.6s.). Dans cette liberté délivrée du passé pécheur et de ses conséquences, un futur s’ouvre au baptisé, une vie avec Dieu (Rm 6.1s.) et une vie dans la communauté des croyants en tant que membre du corps du Christ. Ce processus d’initiation peut s’accomplir en peu de temps ou nécessiter une période plus longue. Ainsi on est reçu dans l’Église, qui se réjouit qu’une personne puisse et veuille rencontrer Dieu et vivre avec Dieu dès à présent dans la communauté des croyants et demeurer avec lui éternellement.

4. Parce que le Dieu aimant les personnes qu’il a créées s’est, dans le baptême, engagé une fois pour toutes par sa grâce justifiant les pécheurs et parce que les baptisés se laissent engager irrévocablement sur la base de cette grâce de Dieu, le baptême ne saurait être répété. L’événement unique du baptême a pour la vie du baptisé une signification fondamentale au point que l’on peut qualifier la vie chrétienne de « retour constant au baptême », qui trouve son expression liturgique dans les « célébrations de remémoration du baptême ».

5. Dans le baptême l’Église célèbre la grâce de Dieu qui justifie les pécheurs et les fait naître à une vie nouvelle dans la liberté de la foi et une vie d’amour. Le baptême signifie pour la baptisé un changement fondamental de vie : l’absence de relation qui détruit la vie et dont l’humain est la cause est remplacée par l’abondance de relations de la vie avec Dieu et avec toute la création. Par le baptême, le baptisé accepte de prendre une responsabilité personnelle pour une vie riche en relations dans la communauté des croyants, une vie correspondant à la richesse relationnelle qui est en Dieu : une vie dans la confiance en Dieu, une vie dans l’amour pour Dieu et pour les autres et une vie dans l’espérance de l’accomplissement de toutes les œuvres de Dieu. Toute l’Église a une responsabilité envers les baptisés : elle doit leur permettre de vivre en tant que disciples du Christ.

6. L’Église prêche et baptise suite au mandat de Jésus-Christ ressuscité des morts (Mt 28.18-20). Elle participe ainsi à l’autorité du crucifié élevé auprès de Dieu le Père. Au début de sa mission de prédicateur du Royaume de Dieu Jésus reçu lui-même le baptême et exprima par là sa solidarité avec les pécheurs. Alors que Jean le Baptiste baptisait « dans l’eau en vue de la conversion », le baptême célébré dans la puissance de Jésus-Christ ne se limite pas à l’eau mais inclut « l’Esprit Saint et le feu » (Mt 3.11). Lorsque la parole de l’Évangile justifiant le pécheur s’ajoute à l’acte symbolique du baptême d’eau, cet acte devient « sacrement » qui représente la mort du vieil homme et la résurrection à une vie nouvelle purifiée du péché. Dans cet acte Dieu lui-même fait advenir ces réalités. En ce sens les confessions chrétiennes font leurs l’affirmation d’Augustin : accedit verbum ad elementum et fit sacramentum (lorsque la parole se joint à l’élément, le sacrement advient).

7. Le baptême rend témoignage à l’aimante auto-communication de Dieu advenue dans l’histoire de Jésus-Christ, proclamée dans la Parole prêchée et promise à chaque personne. Le baptême est le lieu de la médiation de cette auto-communication. Il a pour intention que les baptisés se sachent irrévocablement unis en tant que communauté des croyants. Ainsi le baptême est le « lien de l’unité » caractérisant la vie chrétienne et unissant tous les baptisés dans l’Église une de Jésus-Christ. Avec les autres marques de l’unité mentionnées dans Ép 4.3-8, le baptême a une signification œcuménique fondamentale. Il engage l’Église divisée à rechercher un consensus qui reflète l’unité du corps du Christ.

Cette unité est fondée dans la souffrance et la mort salvatrices du Christ auxquelles tous les chrétiens ont part. Cette souffrance et cette mort sont illustrées dans l’évangile de Marc par l’image du baptême par lequel Christ lui-même fut baptisé en étant immergé dans la vie et la mort humaines (Mc 10.38s.). Ce « baptême » fut unique vu qu’à travers lui Christ a accompli notre salut. Dans le Nouveau Testament le baptême des chrétiens est compris comme participation à cet acte ; nous mourrons et sommes ensevelis avec Christ « afin que, comme Christ est ressuscité des morts… nous menions nous aussi une vie nouvelle » (Rm 6.4). Cette unité déjà donnée exige des Églises qu’elles surmontent leurs divisions et qu’elles explorent les moyens permettant de comprendre leurs différentes manières de pratiquer le baptême d’eau en relation avec le « baptême » du Christ dans sa vie, sa mort et sa résurrection.

8. Cette union du baptisé avec l’Église une de Jésus-Christ opérée par le baptême signifie concrètement appartenance à la communauté baptisante, à la confession ecclésiale dont cette communauté fait partie. Néanmoins aucun nouveau baptême ne saurait être exigé lors du passage à une autre communauté ou à une autre confession ecclésiale vu que le baptême ne saurait être répété. (cf. ci-dessus parag.4). Dans ce cas le point de débat ne peut concerner que la validité du baptême que quelqu’un a déjà reçu.

9. Dans le baptême les baptisés approuvent la confession de foi de l’Église (Rm 10.9s.). Avec la communauté baptisante ils prient Dieu de leur donner le Saint Esprit et une bonne conscience (1 P 3.21). Ceux qui baptisent les nourrissons croient ainsi créer un espace pour cette confession de la foi tout comme ceux qui baptisent des disciples confessants. Ceux qui baptisent des nourrissons soulignent la responsabilité de la communauté, des parents, parrains et marraines pour la croissance dans la vie chrétienne qui est ouverte au baptisé. Lorsque l’initiation chrétienne est comprise comme un processus dont le baptême n’est qu’un moment, certains baptistes peuvent reconnaître ce baptême de nourrissons comme une étape valide de ce processus dans la mesure où il conduit ultérieurement à la foi personnelle du baptisé. Beaucoup de baptistes peuvent reconnaître l’initiation d’autres chrétiens en Christ et dans l’Église indépendamment de la manière de baptiser. Sans reconnaître le baptême des nourrissons, ils s’accordent à dire que des chrétiens baptisés en tant que nourrissons sont intégrés dans le corps du Christ lorsque leurs vies portent la marque de l’unique Esprit, de l’unique corps, de l’unique espérance et de l’unique foi que Dieu accorde (Ép 4.3-8).

10. L’Esprit de Dieu, qui se communique dans la proclamation de l’Évangile et donc dans le baptême, unit le baptisé à Jésus-Christ et approfondit cette union. Dans le baptême la communauté se rend compte avec le baptisé qu’elle n’a pas en ce monde de cité permanente mais qu’elle recherche la cité future (Hé 13.14). Ainsi le baptême est pour le peuple pérégrinant le « sacrement du départ » qui met l’accent sur le démarrage de la vie chrétienne, c'est à dire l’initiation. À ses côtés, l’Eucharistie apparaît comme étant le « sacrement de la provision sur le chemin ». Comme sacrement du départ le baptême fonde l’envoi du chrétien dans le monde et simultanément le sacerdoce universel de tous les croyants qui permet de et qui engage chaque croyant à déclarer, au nom de Dieu, l’absolution à toute personne confessant ses péchés. Ce sacerdoce signifie aussi, que le Saint Esprit offre à chaque baptisé les dons spirituels (charismata) qui l’équipent pour son service dans l’Église et dans le monde. Lorsque le baptisé est un disciple confessant, l’événement du baptême peut être lui-même de moment de réception de ces dons et de l’engagement au service.

11. Tous les baptêmes célébrés conformément à l’Évangile et au commandement de Jésus-Christ (Mt 28.19) sont reconnus par nos Églises. Un baptême célébré conformément à l’Évangile comprend nécessairement le baptême au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ainsi que l’acte symbolique de l’aspersion avec de l’eau ou de l’immersion dans l’eau. Nous déclarons que les Églises de nos deux traditions sont exhortées à approfondir le sens de ce qu’est un baptême conforme à l’Évangile et plus particulièrement ses conséquences quant à la place de la foi humaine dans l’événement baptismal. Indépendamment de notre divergence présente à propos du baptême d’eau, la reconnaissance que tous les chrétiens sont « immergés » dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ est une expression forte de l’unité de l’Église déjà donnée en Christ.

Partie III : L’Église

1. L’Église est l’œuvre de Dieu.

L’Église chrétienne est l’œuvre du Dieu trinitaire. Dieu a fondé l’Église en ce monde pour conduire les humains à la foi en Jésus-Christ et pour les maintenir dans cette foi par l’Esprit Saint. Le récit biblique de la première Pentecôte chrétienne montre comment le cercle des disciples devient une communauté chrétienne caractérisée par la proclamation de la Parole, des actes saints et une vie communautaire. Tout cela advient par le Saint Esprit. De nouveaux membres sont reçus dans l’Église par le baptême.

Jésus-Christ est le fondement et la plénitude de l’Église (1 Co 3.11 ; Ép 1.22s. ; 4.15s.). Le Nouveau Testament comprend pour cette raison l’Église comme étant le « corps du Christ » (1 Co 12.12-27). Ainsi Christ est la mesure pour l’être et la mission de l’Église. En constatant cela nous voulons souligner que l’Église n’est rien en elle-même mais qu’elle est création de la Parole de Dieu.

Dans l’Église la foi obtient sa forme sociale. Le livre des Actes et les épîtres montrent comment l’Église de l’époque du Nouveau Testament développe ses structures et son organisation dans la richesse de sa diversité. L’Église est universelle et devient visible dans la communauté locale. Là où des chrétiens se rassemblent « en son nom », le corps du Christ est manifesté en plénitude en ce monde (Mt 18.20).

2. L’Église est la communion des saints.

La vie de l’Église exprime la richesse des relations au sein de la communauté des croyants, qui participent à la richesse des relations au sein même de Dieu (cf. partie II.5). Le Nouveau Testament qualifie les chrétiens de « saints » (Ac 9.13.32 ; Rm 1.7 ; 1 Co 1.2).

Sur cet arrière fond le symbole des apôtres qualifie l’Église de « communion des saints ». Ceci ne signifie pas que l’Église et les chrétiens seraient saints par eux-mêmes. Ils le sont parce qu’ils placent leur confiance en Jésus-Christ. Ils sont ainsi sanctifiés. L’Église chrétienne, la communauté, est la communion de ceux qui croient en Jésus-Christ (Ac 5.14 ; 1 Co 1.21 ; Ép 1.1).

L’Église est pour cette raison à la fois locale et universelle. L’Église une, sainte, catholique/universelle et apostolique est manifestée là où des personnes célèbrent l’amour de Dieu dans le culte, en recevant l’Évangile de Jésus-Christ dans la foi, en se rassemblant autour de la Parole, en célébrant le Baptême, en partageant le Repas du Seigneur et en confessant par là leur foi devant Dieu et le monde.

La Communion d’Églises Protestantes en Europe et la Fédération Baptiste Européenne insistent sur le sacerdoce de tous les croyants. L’Église étant le corps du Christ dans lequel tous les membres individuels sont égaux tout en ayant des tâches différentes, certains membres de l’Église sont appelés à exercer publiquement le ministère de la prédication, l’administration des sacrements, la diaconie, l’enseignement et d’autres ministères qui incombent à leur responsabilité particulière (1 Co 12.27-30).

Ces ministères particuliers ne contredisent pas l’affirmation du sacerdoce de tous les croyants. Christ lui-même appelle certains individus à ces ministères. L’Église reconnaît la vocation et la compétence de ces croyants individuels pour ces ministères. Elle a pour tâche de guider et de superviser ceux qui sont appelés à exercer ces ministères. La responsabilité de la supervision et de la direction peut être confiées à des ministres particuliers de l’Église.

3. L’unité de l’Église.

Parce que l’Église est son corps, Christ lui-même est le garant de l’unité de l’Église. Cette unité n’est pas d’abord la conséquence ou le produit d’actions et d’efforts humains. Elle résulte de l’appel du Christ qui rassemble l’Église en son nom. Cette unité déjà donnée de l’Église une du Christ peut être obscurcie par le péché, le mal et la discorde. Elle ne peut cependant pas être anéantie. L’unité ne doit donc pas être réalisée, elle doit par contre être découverte. L’unité de l’Église n’est pas uniformité. Elle découvre que l’autre communauté chrétienne proclame, célèbre et sert le même Évangile de Jésus-Christ dans sa propre langue, piété, culture et tradition (Ac 2). Pour cette raison l’unité de l’Église est réalisée dans la diversité réconciliée.

Pour les Églises de la CEPE (Communion d’Églises Protestantes en Europe) l’unité est donnée comme communion ecclésiale, lorsque la proclamation de la Parole et l’administration des sacrements sont mutuellement reconnus comme étant conformes à l’Évangile. Dans ce cas la communion ecclésiale doit être déclarée et les communautés se reconnaissent mutuellement comme expressions authentiques de l’unique Église de Jésus-Christ.

Pour les Baptistes l’appartenance au corps du Christ, et non le baptême, est le fondement de l’unité. Ainsi l’évidence de l’œuvre de l’Esprit dans d’autres croyants est reconnue comme étant les dons et les fruits de cet Esprit.

Malgré ces interprétations différentes, nous reconnaissons la présence de la vraie Église de Jésus-Christ chez les uns et chez les autres. Chrétiens de différentes traditions, nous sommes en mesure de partager le Repas du Seigneur et de reconnaître le ministère de ceux qui sont ordonnés comme pasteurs dans nos Églises respectives.

4. L’Église est le peuple eschatologique de Dieu.

L’Église est une donnée à la fois visible et invisible. Elle est donc à comprendre comme étant le peuple eschatologique de Dieu dont la forme véritable et l’unité accomplie seront manifestes lors de la parousie du Christ. Les Églises ne doivent donc pas se condamner les unes les autres mais s’efforcer à être ensemble image de Christ. Il en résulte aussi que les formes organisationnelles des communautés ecclésiales qu’elles soient épiscopales, congrégationalistes ou synodales, ne sauraient être décisives lorsque ces communautés s’efforcent ensemble de correspondre à leur vocation d’être Église de Jésus-Christ.

Partie IV : Résumé et questions

1. Nous avons constaté un accord sur les thèmes majeurs de l’enseignement chrétien, en particulier dans la compréhension de l’œuvre salvatrice de Dieu en Christ, l’Évangile, la foi et l’Église.

2. Cet accord dans la compréhension de l’Évangile devrait être un vif encouragement à rechercher la plus grande communion possible dans le témoignage et le service. Nous appelons tous les chrétiens de nos communautés et membres de nos Églises respectives à rechercher toutes les formes de coopération responsables permettant d’accomplir notre vocation missionnaire.

3. Malgré ce haut degré de consensus et de reconnaissance mutuelle un obstacle majeur demeure sur le chemin de la pleine réalisation de la communion ecclésiale. À propos de la véritable administration du baptême des différences que même les rapprochements développés dans la partie II n’ont pas dépasser entièrement, demeurent.

4. Les Églises de la CEPE peuvent reconnaître que la pratique baptiste de ne baptiser que les croyants demandant le baptême et confessant leur foi avant le baptême, est une forme authentique de la pratique baptismale, c'est à dire conforme à l’Évangile. Les Églises de la CEPE maintiennent cependant que le baptême d’enfants de parents chrétiens est une possibilité conforme à l’Évangile. Lorsque une communauté baptiste baptise un croyant, déjà baptisé en tant que nourrisson, les Églises de la CEPE y voient une remise en cause de la validité de ce sacrement. Elles sont donc contraintes de rejeter cette pratique qui représente à leurs yeux un re-baptême inadmissible, une administration de ce sacrement non conforme à l’Évangile.

5. Leur compréhension du témoignage biblique oblige les Églises baptistes à ne pratiquer que le baptême de disciples croyants comme seul conforme à l’Évangile. De nombreuses Églises baptistes ne peuvent pas accepter, comme baptême valide, le baptême de nourrissons administré dans une autre Église. Cela vaut plus particulièrement dans le cas où un baptême de nourrisson n’est pas suivi d’une éducation chrétienne. Le baptême qu’elles administrent dans le cas de personnes baptisées comme nourrissons n’est, à leurs yeux, pas un re-baptême.

6. Tant que cette différence subsiste, nous sommes contraints de constater une divergence dans l’administration du sacrement du baptême qui interdit la communion ecclésiale (selon la définition de la Concorde de Leuenberg). Nous estimons cependant que des voies vers une plus large vie commune existent. L’une des voies est le développement de l’hospitalité eucharistique réciproque. D’autres voies sont proposées ci-dessous.

7. Nous devons reconnaître que, dans les dernières décennies certains développements dans nos deux familles ont entraîné certaines convergences dans la pratique du baptême. Dans de nombreuses Églises luthériennes, réformées, unies et méthodistes en Europe, le baptême des enfants n’est plus la seule règle, le baptême d’enfants et le baptême d’adultes étant considérés comme appropriés. Certaines paroisses baptistes pratiquent l’« ouverture à d’autres membres » (open membership), par laquelle ces Églises acceptent ceux qui ont été baptisés comme enfants puis confirmés dans d’autres Églises chrétiennes.

8. Nous reconnaissons que les Églises de la CEPE et de la FBE s’efforcent de traduire dans leur pratique baptismale leur obéissance à la Parole de Dieu et leur exigence d’une vie authentique de disciples. Cette reconnaissance de l’intégrité de chaque partenaire inclut évidemment aussi les ministres ordonnés. Tant que nous n’avons pas atteint la pleine reconnaissance doctrinale de nos ministères, nous encourageons nos Églises à rendre possible, garantir et élargir l’acceptation mutuelle des ministères dans ses dimensions pratiques et pastorales tant au niveau local qu’au niveau national et supranational.

9. Nous demandons aux Églises luthériennes et unies de la CEPE de clarifier le sens qu’il convient de donner aux condamnations des « Anabaptistes » formulées dans les écrits symboliques du luthéranisme. Dans ce contexte nous recevons avec reconnaissance les conclusions du dialogue international baptiste - luthérien selon lesquelles les baptistes ne seraient pas concernés par ces condamnations(5), exceptée celle de l’article 9 de la Confession d’Augsbourg(6). Dans ce contexte il convient de noter que le reproche majeur des Réformateurs à l’encontre des Anabaptistes qui feraient du baptême une œuvre humaine (cf. les condamnations de l’article 5 de la Confession d’Augsbourg(7)) ne s’applique en aucun cas aux baptistes.

10. Au vu des discussions dont nous rendons compte dans notre seconde partie, nous demandons s’il serait possible de placer les différentes formes du baptême à différents moments au sein d’un processus d’initiation chrétienne dont nous avons une compréhension commune. Nous savons que cette question exige un complément de travail théologique.

11. Vu que l’obstacle sur le chemin de la « communion ecclésiale » vient du problème de ce qui est appelé « re-baptême », nous posons une question aux communautés baptistes d’Europe : êtes vous en mesure d’éviter toute apparence de re-baptême lorsqu’un croyant vient d’une Église de la CEPE qui pratique le baptême des nourrissons ? Le chemin suivant pourrait être envisagé : même si la plupart des baptistes considèrent que le baptême des nourrissons est inapproprié, ils pourraient ne pas remettre en cause explicitement sa validité et ne demander qu’une confession de la foi lors de la réception de ce croyant au sein d’une paroisse baptiste, une confession qui complèterait le chemin de l’initiation chrétienne.

12. Nous posons aussi une question aux Églises de la CEPE : peuvent-elles adhérer à la demande exprimée dans le document du dialogue doctrinal de Leuenberg : La doctrine et la pratique du baptême qui exhorte les Églises baptisant des nourrissons « à accompagner les baptisés sur le chemin de leur foi par la prière, la pastorale et l’enseignement »(8) ? Elles éviteraient ainsi de donner l’impression qu’elles baptisent des nourrissons dans des cas où il est improbable que le baptême sera suivi d’une éducation chrétienne.

13. En conclusion de nos entretiens très positifs nous encourageons nos Églises de la CEPE et de la FBE à rechercher activement d’autres possibilités en vu de parvenir à des relations plus étroites. Il faudra y inclure les domaines de coopération qui nous permettraient de mieux relever les défis aujourd’hui lancés aux Églises en Europe.

Participants du dialogue :

Délégués de la FBE : Secrétaire général Dr. Theodor Angelov (Sofia), président Prof. Dr. Paul Fiddes (Oxford) Recteur Keith Jones (Prague) Prof. Dr Johnny Jonsson (Stockholm) Prof. Dr. Tony Peck (Bristol) Prof. Dr. Wiard Popkes (Lüneburg) Dr. Sergei Sannikov (Odessa) Dr. Kim Strübind (München) Dr. Emanuel Wieser (Vienne)

Délégués de la CEPE Évêque Dr. Martin Hein (Kassel), président Évêque Dr. Ernst Baasland (Stavanger) Prof. Dr. André Biermelé ( Strasbourg) Prof. Dr. Fulvio Ferrario (Rome) Prof. Dr. Martin Friedrich (Berlin), secrétaire Dr. Wilhelm Hüffmeier (Berlin) Prof. Dr. Eberhard Jüngel (Tübingen) Prof. Dr. Tamas Juhasz (Cluj) Dozent Dr. Milos Klatik (Bratislava) Dr. Manfred Marquardt (Reutlingen) Prof. Dr. John Cecil McCullough (Belfast)

Auteurs
C.E.P.F.B.E.

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1.
Texte allemand in : Wilhelm Hüffmeier / Christine-Ruth Müller (Hgg.): Versöhnte Verschiedenheit – der Auftrag der evangelischen Kirchen in Europa. Texte der 5. Vollversammlung der Leuenberger Kirchengemeinschaft in Belfast, 19.-25. Juni 2001, Frankfurt a.M 2003, S. 281-292.
2.
Hüffmeier / Müller, Versöhnte Verschiedenheit, S. 395.
3.
Ces conclusions sont publiées in: Accords et dialogues oecuméniques (éd. A. Biermelé et J. Terme). Paris, Les bergers et les mages, 1995. SectionV.
4.
One Lord - One Faith - One Church. A Longing for One Baptism. The report from the bilateral dialogue between The Church of Norway and the Baptist Union of Norway 1984-1989, Oslo 2000, p. 33-38.
5.
Paragraphe 100 de ce dialogue dont les conclusions sont publiées in : Accords et dialogues œcuméniques (éd. A Birmelé et J. Terme). Paris, Les bergers et les mages, 1995. V,52.
6.
« C’est pourquoi on rejette les anabaptistes qui enseignent que le baptême des enfants n’est pas justifié ».
7.
« Elles condamnent les anabaptistes et d’autres, qui pensent que l’Esprit Saint atteint les hommes sans la parole extérieure au moyen de leur préparation et de leurs œuvres. »
8.
In : Accords et dialogues œcuméniques, op. cit. II,61.

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