Mettre en place un deuxième culte dans votre Église : comment s’y prendre ?

Extrait L'Église dans tous ses états
« Victime » d’une poussée de croissance, subite ou graduelle, votre culte du dimanche matin est plein. Il déborde même. Ou peut-être simplement avez-vous entendu parler de cette fameuse règle des 80 % selon laquelle une Église stagne au-delà de ce taux de remplissage, et vous vous trouvez face à cette situation(1). Votre Église semble, en effet, comme figée dans sa croissance, celle-ci se heurtant péniblement à un plafond de verre.

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Mettre en place un deuxième culte dans votre Église : comment s’y prendre ?

Dans tous les cas, déterminé à continuer de grandir, vous réfléchissez à une stratégie de développement pour la suite. À défaut de pouvoir pousser les murs, faut-il envisager l’achat d’un nouveau bâtiment, plus grand, plus adapté, plus accueillant ? Ou préférer partir sur l’option d’un essaimage dans un quartier ou une commune proche en mal d’Évangile ? Mais parmi les possibles, avez-vous pensé à l’implantation d’un deuxième culte dans vos locaux actuels ? Que ce soit à titre provisoire ou comme dispositif à plus long terme, cette option pourrait permettre à votre communauté de franchir un cap dans son développement. Les lignes qui suivent, nourries par l’expérience de ce que nous avons vécu dans notre Église baptiste à Lyon(2) et par l’observation de ce qui a été expérimenté ailleurs, ont pour vocation d’accompagner votre réflexion dans la mise en place d’un tel projet. Nous aimerions le faire en répondant à quelques questions qui ont été les nôtres et que vous pourriez vous poser en chemin. Pour tenter d’embrasser la matière de la manière la plus complète possible, nous développerons cette rubrique sur deux numéros.

À quel horaire positionner ce deuxième culte ?

Commençons par du concret, c’est en effet souvent la première question qui vient à l’esprit lorsqu’on envisage l’implantation d’un deuxième culte : à quelle heure le situer ? Et les possibilités sont diverses. Une des options, peu souvent expérimentée, est celle que nous avons testée dans notre Église à Lyon : le maintien du culte du matin à l’horaire habituel (10 h 00) et la mise en place d’un deuxième culte l’après-midi, à 16 h 30.

L’option d’un deuxième culte l’après-midi

Pour être honnête, je dirais que cela a été au départ un choix probablement par défaut. Dans les conversations communautaires, le choix de positionner deux cultes à la suite le matin, avec un espace de rencontre autour d’un café entre les deux, nous apparaissait séduisant. Il nous semblait coupler l’avantage du maintien de l’unité de la communauté (par cet espace de rencontres et le maintien des liens entre les deux cultes), et celui de la simplicité. Il permettait, en effet, à certains acteurs (prédicateur, président de culte) et à certaines équipes (groupe de louange, moniteurs des ados, etc.) « d’enchaîner » leur service sur une matinée, à moindres frais et pour le bénéfice de tous.

Ce qui nous a néanmoins poussés à préférer l’option de l’après-midi tient essentiellement à une contrainte, mais aussi à un désir « d’innovation missionnaire » (désir qui s’est avéré payant et est devenu aujourd’hui je dirais le motif principal dans notre représentation). La contrainte procédait de notre infrastructure qui ne permettait que difficilement l’aménagement d’un espace de rencontres autour d’un café, entre les deux cultes, pour environ 250 personnes. Considérant que ce lieu ne pouvait pas être la salle de culte, mais une salle autre : l’enjeu étant, en effet, de pouvoir libérer ladite salle pour accueillir les personnes du culte suivant. Nous n’avions pas cet espace, il était en tout cas difficilement praticable et peu confortable. L’objectif d’accueil n’aurait pas été atteint.

Quant au motif « missiologique », il procédait d’un désir d’adaptation de nos horaires de culte au rythme de vie de nos contemporains. De plus en plus, en contexte urbain, nous observons que les gens consacrent leur matinée le dimanche à faire leur marché, leurs courses, leur jogging, ou veulent simplement souffler en famille. Ils aspirent à vivre une journée plus « cool » après avoir « galéré » à se lever tôt et à courir toute la semaine. Ajouté à cela, nous souhaitions être une Église en ville pour celles et ceux qui travaillent en horaire décalé et sont ainsi souvent régulièrement privés de culte le dimanche matin. Nous pensons notamment aux professions médicales. Étant pratiquement la seule communauté à proposer cette « offre horaire » dans l’agglomération lyonnaise, et avec les trois années de recul dont nous disposons maintenant, je crois pouvoir dire que ce choix d’implantation d’un culte l’après-midi a été un choix pertinent dans notre contexte. Et un choix d’avenir certainement. Nos deux cultes se sont équilibrés assez rapidement de manière globalement satisfaisante, avec 2/3 de la communauté présente en moyenne le matin et un bon 1/3 l’après-midi. Nous avons ainsi pu libérer les espaces d’accueil et de respiration de manière suffisante pour pouvoir continuer à grandir autour de ces deux espaces (même si le culte du matin commence déjà à dépasser le seuil des 80 %…). Le pari, pour nous, est réussi. La question de l’unité de la communauté demeure en travail. Nous l’évoquerons dans le point suivant.

L’option de deux cultes le matin

L’autre « scénario horaire », vous l’aurez compris, présente aussi ses avantages, et non des moindres. Positionner deux cultes qui se suivent et dont les participants peuvent ainsi se rencontrer...

Auteurs
Erwan CLOAREC

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1.
Les spécialistes avancent plusieurs explications à ce phénomène Les personnes extérieures débarquant dans un culte globalement « saturé » repartent, pour la plupart, avec le sentiment qu’il n’y pas de place pour elles, dans ce lieu, tant sur le plan physique que symbolique. Tout semble rempli, y compris la possibilité d’engagement. Les espaces de respiration et de rencontre à la sortie du culte sont limités et la capacité d’identifier et de bien accueillir les nouveaux s’en retrouve considérablement affectée. Ainsi, plus ou moins consciemment, les chrétiens de la communauté vont intégrer ce déficit d’accueil, et s’autocensureront pour inviter des amis de l’extérieur.
2.
Nous nous sommes principalement intéressés aux expériences vécues à l’Église libre de Lyon, à celle de Valence, à l’Église de réveil de Villeurbanne ainsi qu’à l’Église baptiste de Massy dans la mise en place de leur deuxième culte.

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