Quel Évangile proclamer dans la post-modernité ?

Extrait L'évangélisation 1 commentaire

C'est à Dijon, en janvier 2001, lors de la Pastorale nationale de la Mission Intérieure Baptiste, que Mark Former a présenté l'exposé qui suit. Il veut nous faire réfléchir au centre de l'Évangile que nous annonçons. Les formules qui nous semblent éternelles ne viennent-elles pas aussi de notre culture. Comment dire aujourd'hui la Bonne Nouvelle de toujours dans un langage que les hommes et les femmes de notre temps peuvent entendre ? Ceux qui auront été intéressés par cette réflexion pourront relire l'article que le même auteur a publié dans le n°36 des Cahiers (Changer de scénario : un nouveau regard sur l'évangélisation - également disponible sur le site : www.ecolepastorale.com).

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Quel Évangile proclamer dans la post-modernité ?

Le plus grand besoin de l'Église aujourd'hui n'est pas de jeûner et de prier. Ce n'est pas d'évangéliser. Ce n'est pas plus l'argent, le bâtiment ou le personnel qui nous manquent. Ce n'est même pas le réveil. Le plus grand besoin de l'Église est de réfléchir : Qu'est ce qu'un réveil ? Pour quoi prierons-nous ? Quel message annonçons-nous ?

Bien sûr, il ne faut pas s'arrêter à la réflexion. Si elle est le premier besoin de l'Église aujourd'hui, elle n'est pas le dernier. Il faut passer à l'action, mais sans cesser de penser ce que nous faisons.

Le message que nous croyons et annonçons au monde et les uns aux autres, qui structure notre vie, est le lieu idéal pour commencer notre travail de réflexion.

Si l'Évangile signifie "Bonne Nouvelle", le message que nous proclamons devrait être une bonne surprise chargée de signification pour nos auditeurs. Jamais ils n'auront entendu ce message, même s'ils pensent savoir ce qu'est le christianisme. Dans mon expérience, la génération des moins de trente ans admet volontiers ignorer ce qu'est le christianisme. Au lieu du mépris plus ou moins réfléchi envers le christianisme que l'on trouvait souvent chez leurs parents, il y a chez les jeunes un désir d'apprendre. Si ces jeunes pouvaient inventer une Église qui leur paraîtrait attrayante, ce serait une Église chaleureuse, ouverte, relationnelle.

Le message qui surprend : l’Évangile

Le message "standard" du mouvement évangélique de la seconde moitié du 20èmesiècle nous est familier :

• Dieu vous aime.

• Vous êtes pécheur.

• Jésus-Christ est mort pour vos péchés.

• Si vous l'acceptez comme votre Sauveur personnel, vos péchés seront pardonnés et vous aurez la vie éternelle.

Si cette présentation a pour source la Bible pour une part, elle a aussi été façonnée par le monde moderne dans lequel elle a vu le jour. Cela crée un mélange d'éléments bons et moins bons. Tout en reconnaissant ce qu'il y a de vrai dans ce message, nous devons chercher à l'améliorer pour les raisons suivantes :

• Il réduit l'Évangile à une série de propositions ;

• II vise l'individu isolé de sa communauté et de la communauté de l'Église ;

• Il met en relief la croix, mais pas la résurrection ni le règne de Christ ;

• Il offre le don gratuit de la vie éternelle, mais n'appelle pas à la participation à l'œuvre de Christ ;

• Il prend la forme d'une invitation plutôt que de la proclamation d'une bonne nouvelle.

Les formules telles que "inviter Jésus dans votre cœur", "votre Sauveur personnel" ou "vous pouvez avoir une relation personnelle avec Dieu" ne se trouvent pas dans le N.T.

Pourquoi ? Parce que notre façon d'annoncer l'Évangile est façonnée par la mentalité du Siècle des Lumières aussi bien que par la Bible. C'était convenable, voire nécessaire et inévitable alors que la mentalité dominante dans la société occidentale était celle des Lumières. C'est de moins en moins le cas. Nous sommes entrés dans le monde postmoderne, et nous devons saisir l'occasion de repenser notre message. Jésus-Christ n'a pas changé ; c'est pourquoi le message le concernant peut s'incarner parfaitement dans le monde postmoderne.

Le mot évangile dans l'Ancien Testament

Le mot évangile est riche et évocateur. Dans l'Ancien Testament comme dans le Nouveau, ainsi que dans le grec classique, il signifie surtout l'annonce d'une victoire militaire décisive ou de l'accession au trône d'un nouveau roi ou d'un empereur, ou les deux événements en même temps. Bref, un évangile annonce le début d'une ère nouvelle où il y a un changement de direction au plus haut niveau. Quelqu'un d'autre prend les décisions et tire les ficelles, ce qui changera tout.

Ésaïe 40.9-10a en donne un exemple :

"Monte sur une haute montagne, Sion, pour publier la bonne nouvelle ; Élève avec force ta voix, Jérusalem, pour publier la bonne nouvelle ; Élève ta voix, ne crains point, Dis aux villes de Juda : Voici votre Dieu ! Voici, le Seigneur, l'Éternel vient avec puissance, Et de son bras il commande..." Dans la TOB, le verset 10a dit : "Voici le Seigneur DIEU ! Avec vigueur il vient, et son bras lui assurera la souveraineté..."

La racine en hébreu pour évangéliser (bsr), annoncer (publier) une bonne nouvelle, signifie "apporter les nouvelles d'une victoire", ou "déclarer une victoire." Comme dans le Psaume 68.11-12 : "Le Seigneur dit une parole, Et les messagères de bonnes nouvelles sont une grande armée : Les rois des armées fuient, fuient, Et celle qui reste à la maison partage le butin".

Les messagères ("évangélistes") en question sont les femmes qui ont reçu et transmettent la bonne nouvelle de la victoire de leurs maris sur le champ de bataille.

Le héraut (mbsr) est celui qui précède le peuple qui revient de Babylone à Sion. Il proclame la victoire de Yahweh sur le monde entier. Maintenant Yahweh rentre à Jérusalem pour régner. Son messager publie la nouvelle, et un âge nouveau commence : "Qu'ils sont beaux sur les montagnes, Les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, Qui publie la paix ! De celui qui apporte de bonnes nouvelles, Qui publie le salut ! De celui qui dit à Sion : ton Dieu règne!" (Ésaïe 52.7).

Le contenu de la bonne nouvelle, l'évangile, est que Yahweh règne, et que son règne apportera le salut et la paix pour son peuple. Un âge nouveau commence aussi pour toutes les nations : "Chantez à l'Éternel, bénissez son nom, Annoncez (bsr) de jour en jour son salut !... Dites parmi les nations : L'Éternel règne... (Psaume 96.2,10). Dans la TOB, on lit au verset 10 : "Dites parmi les nations : Le SEIGNEUR est roi". Et dans la Bible de Jérusalem : " Dites chez les païens : "Yahvé règne..."

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Auteurs
Mark FARMER

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Commentaires

Geler Francois

17 April 2015, à 14:11

Je m'engage de prier pour ce bon ministere.

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