Bible et expérience

Complet La Bible

Nous avons déjà, dans de précédents numéros (58 et 59), publié des textes qui se faisaient l’écho des échanges autour de la question charismatique, dans le cadre du « groupe de Massy (1) ». Voici une nouvelle production rédigée initialement par le pasteur Daniel Lhermenault et retravaillée par le groupe. D’autres textes suivront, entre autres sur le ministère apostolique.

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Bible et expérience

I. Préalable

D’emblée, précisons notre approche dans la droite ligne de nos Églises issues de la Réforme : « Nous considérons les Écritures comme autorité de référence pour la vie du chrétien et de la Communauté. La Parole précède l’événement : Dieu ordonne et la chose existe » (Ps 33.9).

Jésus a toujours cité les Écritures pour fonder son action. En sa personne, la Parole créatrice s’est incarnée : il y a donc conjonction de la Parole et de son Auteur. Par son caractère unique, le ministère de Jésus constitue la référence pour le disciple de Jésus-Christ : ses miracles, son enseignement, sa vie, sa mort et sa résurrection sont des repères incontournables pour l’évaluation du contenu de l’expérience chrétienne. « Tout disciple sera comme son Maître » (Lc 6.40) : c’est l’objectif de Jésus pour tous les aspects de la vie du chrétien.

Le rôle du ministère du Saint-Esprit s’inscrit dans la continuité du ministère de Jésus : « L’Esprit vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jn 14.26). En d’autres termes, le Saint-Esprit vient réactiver la mémoire des disciples pour les replacer dans l’axe de la Parole incarnée. Ceci signifie, que toute révélation spirituelle qui ne se trouve pas en harmonie avec l’enseignement de Jésus et de ses apôtres, est sujette à caution. La pratique et l’enseignement des apôtres sont pour nous des repères précieux. Enfin, rappelons ce verset de l’Apocalypse 19.10 : « Le témoignage de Jésus est l’Esprit de la prophétie » : la cohérence de la Révélation trouve ici toute son expression.

II. La promesse du Saint-Esprit

Jésus nous a laissé cette promesse : « Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit, et vous serez mes témoins… ». Les Actes des Apôtres en font le récit à plusieurs reprises. Les signes visibles de la réception de l’Esprit, dont celui du parler en langues, furent une confirmation de la réalisation de cette promesse pour les apôtres, aux premières heures de la vie de l’Église (Ac 2 et 10). L’expérience initiale de la rencontre avec Jésus, marquée par la repentance aboutissait à la réception du Saint-Esprit. Les récits ne gomment aucun élément de l’aspect dramatique de la conversion au profit d’une analyse ; mais bien au contraire, ils les rapportent fidèlement. Ils sont un encouragement voire une interpellation sans avoir la prétention d’être une norme. Ils ne laissent pas les disciples indifférents.

Dans cette expérience, la repentance est la réponse de l’homme au message de l’Évangile, le don de l’Esprit est la part de Dieu. Les récits de la Bible ne nous permettent pas de voir dans le parler en langues le signe incontournable du baptême dans l’Esprit. Ils nous permettent au moins de dire qu’il y est souvent présent. Cette expérience initiale, si marquante fut-elle pour les apôtres, ne les a pas amenés à favoriser le signe dans l’expérience, mais bien plutôt ses conséquences pour la vie et le témoignage du chrétien. Témoins de la dynamique de l’Esprit ; les apôtres ont résisté à la tentation de l’institutionnaliser, observant ainsi un profond respect de sa personne. Ensuite, leur souci fut de voir les chrétiens demeurer fidèles au Seigneur. D’où les développements sur le contenu de la vie de l’Esprit dans les épîtres, sans se cantonner aux premiers pas du chrétien.

Car, lorsque Dieu agit dans la Bible, c’est toujours dans un but qui va au-delà du signe en lui-même.

Soulignons que l’expérience du revêtement de puissance de l’Esprit ne s’assimile pas à un balbutiement que fabriquerait le chrétien, espérant que l’Esprit prenne le relais (sic). Ne risque-t-on pas de déshonorer Dieu en agissant ainsi ? La parole de l’Écriture « ouvre ta bouche et je la remplirai » (Ps 81.10b) doit être comprise comme un défi lancé à la foi du peuple qui s’était confié aux idoles plutôt qu’à Dieu, alors que le Seigneur lui demande d’ouvrir simplement sa bouche pour qu’Il le nourrisse. Il faut se sentir suffisamment pauvre pour recevoir de Dieu. Nous ne sommes pas des êtres à programmer, mais plutôt des assoiffés désireux d’être désaltérés. Deutéronome. 30.14 vient compléter ce verset : « cette parole n’est pas loin de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur ».

III. La proclamation du message de l’Évangile et les signes

Dans la Bible, l’action de l’Esprit est toujours liée à la proclamation du message de l’Évangile, même si elle prend différentes formes.

Paul disait aux Corinthiens : « Mon enseignement et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la « sagesse », mais sur une action manifeste de la puissance de l’Esprit. Ainsi, votre foi a été fondée, non sur la « sagesse » humaine, mais sur la puissance de Dieu » (1 Co 2.4,5). Dans les premiers temps de l’Église, Dieu venait appuyer la proclamation du message par des signes et des prodiges : • Actes 3.1-10 : Pierre et Jean furent l’instrument de guérison du paralytique. • Actes 5.12 et suivants : « Les apôtres accomplissaient beaucoup de signes miraculeux et de prodiges parmi le peuple… » • Actes 6.8 : Étienne était rempli de la grâce et de la puissance divine et accomplissait de grands prodiges et des signes miraculeux au milieu du peuple ». • Actes 14.8 : à Lystre, un paralytique, écoutait les paroles de Paul. L’apôtre, discernant qu’il avait la foi pour être sauvé, prononça une parole d’autorité qui déclencha la guérison. Ceci pour ne citer que quelques exemples.

Les signes et prodiges sont là pour appuyer la prédication de l’Évangile. C’est d’abord dans ce cadre qu’ils ont leur pertinence. Nulle part, dans le Nouveau Testament, nous ne voyons le développement d’une doctrine systématique des signes et miracles de Dieu, qui leur accorde une place permanente ou régulière (1 Co 1.23 ; Ac 17).

D’ailleurs, certains passages relatent une prédication non suivie de signes miraculeux, par exemple : Paul dans la synagogue d’Antioche de Pisidie (Ac 13). Il est dit que beaucoup de juifs et de païens convertis au judaïsme suivirent Paul et Barnabas (voir v. 43 et plus loin v. 48). La place de la proclamation du message de l’Évangile est centrale ; celle du miracle est secondaire, voire par moment aléatoire.

IV. La manifestation des miracles et leur rôle dans les Écritures

Nous pouvons faire une suite d’observations dans les Écritures.

a) Une place importante. Nul ne peut nier l’importance que donnent les Évangiles aux signes miraculeux. Quarante et une mentions de guérisons physiques et mentales sont signalées dans les quatre évangiles. De même, les Actes des Apôtres leur donnent une place considérable.

b) Une motivation essentielle de Jésus : la compassion. « Il fut ému de compassion en voyant la foule, et guérit les malades » (Mt 14.14) ; ému de compassion, Jésus toucha les yeux des deux aveugles de Jéricho, et ils recouvrèrent la vue (Mt 20.34).

c) La diversité des formes. Ce peut être par une simple parole, l’imposition des mains, de la salive déposée sur les yeux, une prière au tombeau de Lazare, un ordre (« va » pour le Centurion, « lève-toi » pour le paralytique…). Jésus dut prier plus d’une fois pour l’aveugle de Bethsaïda, et continuer à prier pour le Gadarénien, etc., … Ces guérisons pouvaient être instantanées ou à effet différé (Lc 17.11ss) ; en présence de Jésus ou à distance. Il n’y a donc pas de « méthode » uniforme.

d) Le miracle : signe de la grâce de Dieu et appel à la foi. Une démarche de foi semble généralement nécessaire de la part de celui qui demande la guérison. « Que veux-tu que je te fasse ? » dit-il à Bartimée (Mc 10.51). Il ne put faire aucun miracle à Nazareth à cause de l’incrédulité des gens (Mc 6.5,6).

Le miracle est ainsi un signe de la bonté de Dieu et ne dépend pas des qualités de celui qui le reçoit. N’a-t-il pas guéri l’oreille de celui qui venait l’arrêter, signe ultime de sa bonté ? (Lc 22.51). Ceci dit, Jésus fut cependant agacé par l’insistance de certains à vouloir des miracles au point de les refuser, Il stigmatisa « cette génération mauvaise » qui demande un miracle (Mt 12.39). En faisant allusion aux gens de Ninive, Jésus rappelle ainsi que pour Lui l’essentiel est la repentance du pécheur et non le miracle en soi.

e) Le but des miracles : susciter la repentance et la foi en Jésus. Si les miracles ne prouvent pas en eux-mêmes la divinité de Jésus-Christ, ils apportent une révélation de la présence et de la puissance de Dieu. Le but de Dieu reste la repentance du pécheur : « Malheur à toi, Chorazin ! malheur à toi, Bethsaïda ! car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre » (Mt 11.21).

L’annonce du pardon des péchés est plus importante que le miracle : C’est ce qui ressort du récit de la guérison du paralytique de Capernaüm, où Jésus annonce le pardon des péchés à cet homme avant même de le guérir (Mt 9.2). De même, le message de la repentance et du Salut fut au cœur du ministère des apôtres. L’onction d’huile pour la guérison des malades est intimement liée au pardon des péchés au sein de l’Église selon Jacques 5.15.

L’Apôtre Jean, à la fin de son récit de la vie et de l’enseignement de Jésus dit ceci : « Jésus a accompli, sous les yeux de ses disciples, encore beaucoup d’autres signes miraculeux qui n’ont pas été rapportés dans ce livre. Mais ce qui s’y trouve a été écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous possédiez la vie en son nom » (Jean 20 30-31).

f) Il y a des temps privilégiés où Dieu agit avec puissance. Comme certains témoins de l’Ancien-Testament, les apôtres virent la puissance de Dieu se déployer librement dans leur ministère, à tel point, est-il dit, qu’on plaçait les malades sur le passage de Pierre pour que son ombre les couvre à son passage (Ac 5.15). De même, Paul vécut un temps particulier où la puissance de la guérison s’est manifestée à Éphèse : Actes 19.11 nous dit : « Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul. On allait jusqu’à prendre des mouchoirs ou du linge qu’il avait touchés pour les appliquer aux malades. Ceux-ci guérissaient et les mauvais esprits s’enfuyaient ». À travers l’histoire, de telles expériences ont pu se renouveler : ce sont des temps exceptionnels qui nécessitent un discernement et qu’on ne peut généraliser comme une pratique.

g)Si les foules ont accouru pour la guérison, jamais Jésus n’en fit la publicité mais il resta au contraire plutôt discret. Ni Jésus, ni les disciples n’ont anticipé l’événement en proposant les miracles (Mc 1.40ss ; Mt 8.1ss ; Lc 5.12ss). Par contre, les miracles attestent la messianité de Jésus en face de ceux qui la conteste.

h) Jésus orientait ceux qui avaient été guéris vers les prêtres pour que leurs guérisons soient constatées et qu’ils soient réintégrés dans la vie sociale. Matthieu 8 1-4 (cf. Lv 13.49 et 14.2-3 le prêtre était reconnu pour établir le diagnostic).

i) Le Nouveau Testament ne présente nulle part la guérison miraculeuse comme quelque chose de systématique. Il y a des cas de non guérison : Jésus ne guérit qu’un seul paralytique à la piscine de Bethesda (Jn 5.1-20) ; il ne put guérir qu’une personne à Nazareth. Paul laissa Trophime malade à Milet (2 Tm 4.20) ; Paul conseilla à Timothée un peu de vin pour son estomac (1 Tm 5.23).

j) Le miracle peut exceptionnellement exercer le jugement de Dieu. C’est le cas d’Ananias et Saphira (Ac 5.13,11 ; Ac 13.11).

k) Enfin, soyons vigilants : de faux prophètes peuvent exercer leur séduction. Paul avertit les Thessaloniciens de la venue de l’impie, capable de faire toutes sortes de miracles… (2 Th 2.9 ; cf. Dt 13). Cf. Aussi Simon le magicien (Ac 8)

l) On retrouve le miracle dans tout le NT. Il n’est fait aucune mention d’un arrêt annoncé. 1 Corinthiens 13 qui prévoit la fin des miracles la situe dans la fin des temps !

En conclusion :(1). Il existe dans le NT une forte présence de récits miraculeux liés au ministère de Jésus et des disciples. 2. Ils servent à manifester la bonté de Dieu et à susciter la foi. 3. Des temps sont plus propices que d’autres à leurs manifestations. 4. Le miracle est secondaire à l’annonce.

Ils ne sauraient être ni recherchés systématiquement, ni méprisés comme dépassés. Les signes peuvent accompagner la prédication du message de l’Évangile, mais ne sont pas un but en soi. La repentance du pécheur reste le but suprême de Dieu. N’oublions pas que nous sommes entre les deux royaumes : celui qui est venu dans le Fils incarné, et celui qui vient et que nous attendons et où tout sera accompli. Le ministère de Jésus est unique, puisqu’il procédait de son unité parfaite avec le Père. Il n’en est pas de même pour nous. Pour le moment, nous ne vivons et ne connaissons ce Royaume qu’en partie.

V. La pratique des dons spirituels dans l’Église

Un certain nombre de remarques :

a) L’Église est le cadre par excellence pour l’exercice des dons spirituels. Toute expérience spirituelle décrite dans le Nouveau Testament s’inscrit dans le plan de Dieu pour son Église. Ainsi, « que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu » (1 Pi 4.10). L’Église est le cadre le plus naturel pour l’expression des dons spirituels. Là, on peut y trouver complémentarité dans la diversité des ministères et discernement chez ceux qui se fondent solidement sur la Parole de Dieu et restent attentifs à l’Esprit. Si l’exercice des dons se fait à l’extérieur de l’Église, par exemple au cours de voyages missionnaires, la nécessité du don de discernement peut se faire ressentir : c’est le cas du ministère de Philippe en Samarie. L’apport de Pierre fut heureux dans ce contexte (Ac 8). Ainsi, le bon exercice des dons dépend d’un fonctionnement harmonieux du corps de Christ. L’exercice du discernement, très lié à celui de l’autorité dans l’Église, reste encore un problème sensible dans l’ecclésiologie évangélique actuelle. L’isolement de certains responsables les expose aux dangers d’erreurs ou de déviations.

Étude de 1 Corinthiens 14. b) Le parler en langue. Le parler en langues est utile pour l’édification personnelle : celui qui parle, parle à Dieu, mais son intelligence demeure stérile. C’est un don à encourager pour le culte personnel. Quant au culte public, le souci premier de Paul est de voir tous ceux qui y assistent être édifiés (1 Co 14). C’est pour cette raison qu’il insiste pour que la parole prononcée par ceux qui prient soit intelligible. Ainsi, aucun ne se sent marginalisé, ni étranger à ce genre de service : « si je ne connais pas le sens de la langue, je serai un barbare pour celui qui parle, et celui qui parle sera un barbare pour moi » (v. 11).

Cependant, Paul permet l’expression publique du parler en langue, s’il y a le don d’interprétation. Selon ses paroles aux versets 5 et 13, il semble que ce soit la même personne qui parle en langue et qui interprète. Il est souvent demandé qu’il n’y ait pas de message en langue s’il n’y a pas de don d’interprétation. C’est juste du point de vue de l’ordre à respecter, mais dans ce cas, il faut accompagner ces chrétiens dans l’approfondissement de leur communion avec Dieu, afin qu’ils reçoivent le don d’interprétation, et les encourager à l’exercer. Il y a un devoir pastoral tout aussi important, et qu’on oublie facilement.

1 Corinthiens 14.21, cite Ésaïe 28.11 : « C’est par des hommes d’une autre langue et par des lèvres étrangères que je parlerai à ce peuple… ». Cela signifie finalement que la parole en langue qui reste un signe pour les non-croyants, va devenir prophétique par l’interprétation. C’est Dieu qui leur parlera ainsi.

c) Au sujet du chant en langues. En lisant les versets 14 et 15, il est clair que prier par l’Esprit et chanter par l’Esprit sont mis en parallèle, ce qui signifie parler en langues et chanter en langues, à moins d’introduire dans ce texte une notion qui lui est étrangère. Donc, le même conseil de sagesse s’applique au chant en langues. Le chant doit être tout aussi compréhensible que la prière. Soulignons au passage que cette formulation (chanter « par l’esprit ») de Paul ne nous permet pas d’en déduire que toute prière et tout chant pour être spirituels doivent être formulés en langues. Dans ce cas, que deviendrait la parole prophétique qui utilise l’intelligence ? Par ailleurs, on ne peut assimiler l’expression « cantiques spirituels » de Colossiens 3.16 seulement à des chants en langues, puisque le chant en langues n’instruit ni n’exhorte. Ce serait incohérent à la lecture de ce verset.

d) La Prophétie et son discernement. Le don de Prophétie est un des signes de la présence du Saint-Esprit (Ac 19.6). Paul le considérait comme tout à fait naturel dans les assemblées de l’Église. Cela ressort clairement du texte de 1 Corinthiens 14.31. Il encourage même les chrétiens à aspirer aux dons spirituels et plus particulièrement au don de prophétie (1 Co 14.1), ce qui vient confirmer la parole des Actes des Apôtres (Ac 2.17,18) citant le prophète Joël : « dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair, vos fils et vos filles prophétiseront, etc. ».

Le rôle de la prophétie dans l’Église est d’édifier, d’exhorter et de consoler (1 Co 14.3), ce qu’on retrouve dans la « prédication ». Paul encourage la liberté d’expression de ce don tout en demandant ce qu’il soit exercé avec ordre et qu’il soit l’objet du discernement (v. 29 à 32).Ce qu’il répète dans 1 Thessaloniciens 5.19-21.

Même si la prophétie change de rôle dans le Nouveau Testament et a une place plus discrète que dans l’Ancien, il arrive cependant qu’elle prédise et avertisse encore. C’est le cas pour Agabus qui prophétisa une grande famine sur toute la terre, chose qui fut confirmée sous le règne de Claude (Ac 11.27-29). De même, il prophétisa l’arrestation de Paul par les Juifs (Ac 21.10-13), ce qui se produisit en effet.

On ne trouve pas dans le Nouveau Testament la consultation du prophète, comme c’est le cas couramment dans l’Ancien. Par contre la présence de ce don dans un rassemblement y est reconnue pour son utilité (Ac 13.1).

Soulignons ici quatre critères bibliques complémentaires de discernement : • L’enseignement du prophète doit toujours appeler à l’obéissance à Dieu : Dt 13.3 : « Si le signe ou le miracle s’accomplit, et s’il vous dit :"allons suivre d’autres dieux que vous ne connaissez pas, et rendons-leur un culte", vous n’écouterez pas les paroles de ce prophète ou de ce visionnaire… ». • L’accomplissement de ce qui est annoncé, Deutéronome 18.22 : « Sachez que si le prophète annonce une chose qui ne se réalise pas, si sa parole reste sans effet, c’est que son message ne vient pas de l’Éternel, c’est par présomption que le prophète l’aura prononcé : vous ne vous laisserez donc pas impressionner par lui ». • Paul exige que tout se fasse pour l’édification (1 Co 14.26). Toute prophétie qui juge ou condamne est donc étrangère à l’esprit du Nouveau Testament. Il se peut qu’elle exhorte ou reprenne, mais elle le fera toujours pour relever la personne et non la condamner. • Enfin, celui qui prophétise doit se contrôler, agir avec sagesse et se soumettre à ses frères, car l’Église est appelée à juger les prophéties prononcées (1 Co 14.29) et les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes (1 Co 14.32).

VI. Utilisation des Écritures dans l’Expérience

Sans pour autant utiliser la Bible comme un oracle magique, souvent le chrétien souhaite recevoir un verset pour être guidé ou voir confirmée une pensée qu’il a reçue. Tout en reconnaissant à un texte biblique sa valeur spirituelle, il faut encore être sûr qu’il soit une parole juste et inspirée pour la circonstance. Outre l’accueil habituel de la Parole par l’écoute de la prédication ou la méditation personnelle, un verset biblique peut venir à l’esprit de différentes manières. Par exemple : • Par association d’idées, une personne va appliquer un texte à une circonstance donnée. Il faut être prudent en ce domaine et ne pas hésiter à évaluer la pertinence du texte reçu. • Une personne peut recevoir une référence biblique sans qu’elle sache ce que contient le verset. En fait le contenu correspond exactement à une situation donnée. Ce verset vient appuyer la pensée ou la prophétie reçue. Encore faut-il en faire une utilisation judicieuse, cohérente avec la pensée biblique.

La pertinence de la Parole reçue se verra à ses fruits. On voit bien que la méditation régulière des Écritures est la condition nécessaire d’un usage équilibré des écrits bibliques. Dieu par sa Parole édifie, corrige ou instruit, afin de nous rendre aptes à toute bonne œuvre (2 Tm 3.16).

Conclusion

S’il est vrai que « Bible et expérience » s’éclairent mutuellement il n’en demeure pas moins que l’Écriture demeure la pierre de touche pour éprouver notre vécu et nos opinions. Cette sagesse ne doit pas nous empêcher de nous ouvrir à l’action du Saint-Esprit qui est à la source de toute expérience spirituelle et de toute vie d’Église authentiques.

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Le groupe qui est à la base de ce travail n’a rien d’institutionnel, ni d’officiel. Il est, pour l’instant, composé de : Samuel Chevalier, Jean-Pierre Civelli, Daniel Lhermenault, André Pownall, David Razzano, Thierry Roux, Louis Schweitzer, Evert Vandepoll et Robert Woollven.

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