Préparer au baptême

Extrait Le baptême

Faut-il ou non une préparation au baptême, et si oui sous quelle forme ? C’est à ces questions que tente de répondre Stéphane Guillet, pasteur à Tours, en abordant le problème sous les angles historique et biblique, théologique et pratique.

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Préparer au baptême

Introduction

Comme beaucoup, en entrant dans le ministère pastoral et au moment des premières demandes de baptême, je me suis réjoui. Puis je me suis demandé : « Que vais-je faire pour accompagner ces frères et sœurs dans leur démarche ? ». J’ai décidé de rédiger un petit fascicule qui, depuis ce temps, me sert de base aux cinq ou six rencontres de préparation au baptême(1).

Mais que mettre dans ce fascicule ? Quel est le contenu d’une telle préparation ? Y a-t-il d’ailleurs un contenu type ? Entre la tentation de trop en dire ou de trop édulcorer, il a fallu faire des choix.

Après quelques temps d’utilisation de ce fascicule, d’autres interrogations sont venues :
– Quel doit être mon rôle durant cette préparation ? Suis-je là pour enseigner ce que la Bible dit du baptême ? Pour initier à la vie chrétienne ? Ou encore pour accompagner vers le baptême ?
– Les personnes demandant le baptême sont aussi très diverses : des jeunes tombés dans la marmite quand ils étaient petits, enfants de parents chrétiens, ayant suivi plusieurs années d’école du dimanche ; ou encore des personnes plus âgées, converties à Jésus-Christ à l’âge mûr, ayant une connaissance assez faible, voire quasi inexistante, de la Bible et du message chrétien. Comment s’adapter à des situations aussi différentes ?
– Enfin je me suis demandé (en fait c’est une interrogation assez récente) comment intégrer cette préparation à un cheminement plus global, déjà entamé ou encore à venir. Par exemple, comment mieux articuler la préparation au baptême à tout le cursus d’école du dimanche ? Où encore, comment en faire une étape qui prépare non seulement au baptême, mais aussi à toute la vie chrétienne qui va se poursuivre après le baptême ? Quelle suite l’Église va-t-elle proposer au nouveau baptisé ?(2)

Bien sûr d’autres se sont posés ces questions avant moi, y apportant leurs propres réponses. Le texte qui suit n’apporte pas les réponses définitives mais éventuellement mes propres réponses et, à défaut, des pistes de réflexion qui, je l’espère, pourront être utiles. Nous ferons un petit détour par l’histoire, évidemment par la Bible, avant de déboucher sur quelques réflexions plus pratiques.

Est-il justifié de préparer au baptême ?

Mais pour commencer, on doit se poser la question suivante : est-il justifié de proposer une préparation au baptême ? Le baptême ne peut-il pas se faire dans la spontanéité, comme réponse immédiate à l’accueil de la parole du salut ? Certains textes bibliques paraissent aller dans ce sens : Pierre « rendait témoignage et les encourageait, en disant : ‘Sauvez-vous de cette génération perverse’. Ceux qui accueillirent sa parole reçurent le baptême ; en ce jour-là, environ trois mille personnes furent ajoutées » (Ac 2.40-41). Ici, à première vue, point de préparation. La conversion semble immédiatement suivie du baptême, sans étape intermédiaire.

Ce lien direct entre conversion et baptême est peut-être aussi reflété par le texte de Matthieu 28.19 : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les pour le nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé ». Ici, l’enseignement vient après le baptême et non avant. Ce même lien apparaît encore dans Marc 16.16 ; Actes 9.18 ; 16.30-33…

Dans la pensée biblique, le baptême est l’acte qui suit tout naturellement la réception du salut, comme s’il lui était indissociablement attaché. En les dissociant, ne risque-t-on pas de perdre cette spontanéité ? Ne risque-t-on pas d’effacer le lien évident entre les deux ? Ne risque-t-on pas de lier le baptême à un degré de connaissance plutôt qu’à la réalité d’une conversion à Jésus-Christ ? Ne risque-t-on pas, encore, de laisser croire que pour être baptisé il faut remplir de nombreuses conditions ? Ne risque-t-on pas, enfin, de décourager et de laisser passer ainsi plusieurs occasions de baptême ?(3)

J’ai plusieurs fois discuté avec des personnes qui reportaient la décision de se faire baptiser, au prétexte qu’elles ne se « sentaient pas prêtes », expression qui signifie souvent, dans leur bouche, que pour être baptisé il faut déjà avoir atteint un bon niveau de maturité dans la foi. Ces personnes voient le baptême comme un aboutissement plutôt que comme un point de départ.

En réfléchissant à la préparation au baptême, puisque je pense quand même qu’une préparation se justifie, il faudra bien garder en tête les risques évoqués ci-dessus. La préparation ne peut être présentée comme une condition du baptême : c’est la confession de Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur en réponse à la réception du salut qui est la seule condition.

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1.
Avec d’autres, ce fascicule sera disponible sur le site Internet de la FEEBF, dans les ressources mises à la disposition de tous. Le département formation a recensé les différents matériels utilisés par les uns et les autres pour préparer au baptême. C’est le fruit de ce travail qui doit être rendu disponible. La rédaction de cet article m’a fait prendre conscience que ce fascicule aurait besoin d’être revu !
2.
C’est une interrogation qui est venue d’une personne qui a été baptisée. Elle soulignait l’intérêt d’avoir un temps de réflexion avant le baptême mais s’était sentie « lâchée » dans la vie chrétienne juste après son baptême.
3.
Cette question, en vérité, est très ancienne. Déjà dans l’Église ancienne des partisans d’une catéchèse minimale s’opposait à des « maximalistes », partisans d’un long temps de préparation au baptême. Voir à ce sujet Paul L. Gavrilyuk, Histoire du catéchuménat dans l’Église ancienne, Paris, Cerf, 2007, pp.291-293. Ce débat est encore bien présent aujourd’hui dans les communautés baptistes. Voir par exemple les articles de A.R. Cross « Foi-baptême » et de A. Nisus « le baptême comme confession », dans Les cahiers de l’école pastorale, n°54/2004, respectivement pp.3-21 et 22-33.

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