Les villes que Jésus a habitées

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Les villes que Jésus a habitées

Bethléem : la ville natale de Jésus

La ville est située à 12 kilomètres au sud-est de Jérusalem, dans les montagnes de Judée. Sept cents ans avant la naissance de Jésus, le prophète Michée y a prédit la naissance du Messie. C’est la ville du roi David.
« Le Seigneur dit : Et toi, Bethléhem Éphrata, tu es un petit village parmi ceux des clans de Juda. Pourtant, celui qui doit gouverner Israël, je le ferai sortir de chez toi » (Michée 5.1).
Marie et Joseph, les parents de Jésus, ont dû s’y rendre lors du recensement ordonné par Rome car c’était la ville de David, leur ancêtre. Des bergers et des mages sont venus s’agenouiller devant l’enfant Jésus qui venait de naître dans une étable de la ville.
« À cette époque, l’empereur Auguste donne l’ordre de compter les habitants de tous les pays. C’est la première fois qu’on fait cela. À ce moment-là, Quirinius est gouverneur de Syrie. Tout le monde va se faire inscrire, chacun dans la ville de ses ancêtres. Joseph quitte donc la ville de Nazareth en Galilée pour aller en Judée, à Bethléem. C’est la ville du roi David. En effet, David est l’ancêtre de Joseph. Joseph va se faire inscrire avec Marie, sa femme, qui attend un enfant. Pendant qu’ils sont à Bethléem, le moment arrive où Marie doit accoucher. Elle met au monde un fils, son premier enfant. Elle l’enveloppe dans une couverture et elle le couche dans une mangeoire. En effet, il n’y a pas de place pour eux dans la salle où logent les gens de passage.
Dans la même région, il y a des bergers. Ils vivent dans les champs, et pendant la nuit, ils gardent leur troupeau. Un ange du Seigneur se présente devant eux. La gloire du Seigneur les enveloppe de lumière, alors ils ont très peur. L’ange leur dit : “N’ayez pas peur. Oui, je viens vous annoncer une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout votre peuple. Aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur est né pour vous. C’est le Christ, le Seigneur. Voici comment vous allez le reconnaître : vous trouverez un petit enfant enveloppé dans une couverture et couché dans une mangeoire...” » (Luc 2.1-12).
Toutefois, Bethléem n’était plus qu’une bourgade à l’époque. Ses maisons étaient blanches, faites d’une pierre locale qui devenait éblouissante sous le soleil de Judée. Perchée à 800 mètres d’altitude, elle jouissait d’une fertilité étonnante. Oliviers et figuiers colonisaient la moindre parcelle entre deux murets pierreux, tandis que les vignes poussaient entre les plis et replis des vallons.
On peut s’interroger sur ce choix car une ville plus grande et mieux équipée aurait certainement apporté un « plus » à l’image du Messie. Pour transposer à notre époque, il manquait à Bethléem les hôtels, les centres pour conventions et les hôpitaux bien équipés qui en auraient fait un lieu de naissance digne d’un roi.
D’emblée, l’Évangile nous présente ainsi un Dieu qui, humblement, n’hésite pas à approcher les hommes. Nous comprenons donc que c’est à une foi absolument réelle, personnelle, et signe d’un amour véritable qu’il invite les hommes. Il attend notre réponse qui ne pourra qu’être authentique face à un tel dénuement. Sans artifice. Comme lui.

Les villes d’Égypte : Jésus en transit

L’évangile de Matthieu prend soin de situer les premières villes de Jésus dans leur contexte géographique. Il raconte son séjour en tant que réfugié politique en Égypte. Une sorte de migrant.
Pour fuir les sbires d’Hérode qui cherchaient à tuer Jésus, sa famille a dû s’enfuir en Égypte. Elle est vrai- semblablement passée par la ville d’Hébron d’où l’on apercevait au loin la Méditerranée, près de Gaza.
L’Égypte a souvent été un lieu de refuge pour les Israélites. Abraham, ainsi que Jacob et sa famille, s’y sont rendus pour échapper à la famine. Plus tard, d’autres y ont fui les invasions assyriennes et babyloniennes. De ce fait, l’Égypte a abrité, à certaines périodes de son histoire, une population juive très importante. C’est, par exemple, le cas d’Alexandrie. On estime que, sur une population d’environ un million d’habitants, un tiers d’entre eux étaient juifs à une époque. On trouvait aussi d’autres colonies juives importantes implantées depuis des siècles plus au sud, notamment à Éléphantine.
Les parents de Jésus ont ainsi connu le même genre de difficultés que ces milliers de réfugiés que nous voyons de nos jours, plus ou moins bien accueillis, et nourrissant constamment l’espoir de retourner dans leur pays d’origine.
Le retour de la famille de Jésus a sans doute été moins pénible que l’aller. D’une part, Jésus n’était plus un bébé ; d’autre part, c’est à Nazareth cette fois que sa famille s’est rendue. En sortant d’Égypte, les voyageurs ont dû vraisemblablement passer par Péluse et poursuivre ensuite la route littorale par Gaza et Jaffa. Le voyage sur cette grande route romaine aura duré environ une semaine.

Nazareth : l’enfance de Jésus au village

Cette petite bourgade de Galilée est devenue célèbre grâce au récit des évangiles. C’est, en effet, à Nazareth, où elle habitait, que l’ange Gabriel a annoncé la naissance de Jésus à Marie.
« Élisabeth est enceinte depuis six mois. Voici que Dieu envoie l’ange Gabriel dans une ville de Galilée appelée Nazareth. Il l’envoie chez une jeune fille, promise en mariage à un homme appelé Joseph. Joseph a pour ancêtre le roi David, et le nom de la jeune fille est Marie. L’ange entre chez elle et lui dit : “Réjouis-toi ! Le Seigneur Dieu t’a montré son amour d’une manière particulière. Il est avec toi.”
En entendant cela, Marie est très émue, elle se demande : “Que veut dire cette façon de saluer?” L’ange lui dit : “N’aie pas peur, Marie ! Oui, Dieu t’a montré son amour d’une manière particulière. Tu vas attendre un enfant, tu mettras au monde un fils, et tu l’appelleras Jésus. Personne ne sera aussi important que lui. On l’appellera Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le royaume de David, son ancêtre. Il sera le roi du peuple d’Israël pour toujours, et son pouvoir ne finira jamais.” Marie dit à l’ange : “Comment cela va-t-il arriver ? En effet, je ne vis pas avec un homme.” L’ange lui répond : “L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira comme l’ombre. C’est pourquoi l’enfant qui va naître sera saint, et on l’appellera Fils de Dieu. Écoute ! Élisabeth, qui est de ta famille, elle aussi est enceinte et elle aura un fils. Pourtant elle est vieille. On disait qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant, et maintenant, elle est enceinte depuis six mois! Non, rien n’est impossible pour Dieu !” Marie répond : “Je suis la servante du Seigneur. Que Dieu fasse pour moi ce que tu as dit !” Alors l’ange la quitte » (Luc 1.26-38).

Nazareth était alors un village agricole de quelques 200 habitants. La taille de la bourgade était tellement insignifiante qu’il arrivait qu’on dise : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jean 1.46).
C’est donc la simplicité qui a été la réalité dominante de la vie de Jésus dans ses premières années.
Comme la plupart des habitants de la Galilée à cette époque, les artisans fabriquaient et vendaient leurs pro- ductions dans leurs échoppes disposées le long de la rue. Le forgeron et le charpentier étaient placés côte à côte ou face à face. Les habitants de Nazareth évoluaient ainsi entre la ville et sa place principale, les champs et les vignobles qui les entouraient.
Joseph exerçait l’humble métier de charpentier, et toute sa famille vivait la vie d’un foyer modeste, ni pauvre ni riche. Comme tant d’autres, elle gagnait le pain quotidien à la sueur de son front et était assujettie aux lois admi- nistratives et sociales de son peuple.
Jésus a donc nécessairement participé aux travaux des champs durant son enfance et sa jeunesse. Il s’est, du reste, largement inspiré des réalités de la vie quotidienne dans son enseignement. Citons, parmi ses paraboles, celles du bon berger, du vignoble et du vigneron, du figuier qui ne porte pas de fruit, des ouvriers de la onzième heure, du marchand qui cherche de belles perles, du fils prodigue qui veut revenir travailler comme ouvrier chez son père, du bon grain et de l’ivraie… Il compare aussi le royaume des cieux à une semence en terre ou à du levain enfoui dans la farine. Jésus savait choisir ses comparaisons et leur donner un sens compréhensible par tous.
Rythmée par la prière commune à la synagogue, les rites et les nombreuses fêtes religieuses du judaïsme, la vie de prière de la famille de Jésus était extérieurement celle de tout bon Israélite pratiquant de l’époque.
Nul doute que Jésus a partagé dans l’humble demeure de ses parents à Nazareth une vie familiale pieuse, dans la simplicité et l’amour partagés.
C’est dans cet environnement que Jésus a grandi jusqu’à ce qu’il atteigne sa pleine maturité d’homme et entame sa vie publique.
Jésus a commencé son ministère à Nazareth, mais ses habitants, sans doute ceux qui l’avaient connu petit, ont éprouvé des difficultés à reconnaître en lui l’envoyé de Dieu qu’il revendiquait être. L’Évangile raconte les débuts : « Dans la maison de prière, tout le monde est très en colère… Ils se lèvent tous et font sortir Jésus du village. Ils l’emmènent en haut de la colline sur laquelle leur village est construit, et ils veulent le jeter en bas. Mais Jésus passe au milieu d’eux et continue sa route » (Luc 4.28-30).
Jésus est revenu plus tard dans la ville de son enfance (Matthieu 13.53-58), mais l’expérience n’a pas été plus concluante. Les habitants se sont étonnés de l’entendre prêcher, lui le « fils du charpentier ». C’est ainsi qu’ils l’ont chassé de la ville.
C’est à ce propos que Jésus a dit : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et dans sa maison » (Matthieu 13.57).

JÉSUS ET LA GALILÉE


C’est en Galilée que Jésus a vécu la plus grande partie de son existence humaine. Il s’y est préparé pendant une trentaine d’années en vue de son ultime voyage vers Jérusalem, en Judée.
Ce choix peut paraître étrange car on n’est jamais loin de l’étranger et des terres païennes quand on est en Galilée. Le Proche-Orient antique (et moderne) est une région de microsociétés, où ce que l’on nomme un pays s’appellerait ailleurs un département, ou une ville-état. Cette fragmentation de l’espace peut, certes, multiplier les conflits, mais elle permet également de diversifier les influences. Choc des cultures, brassage des croyances, et métissage des peuples. C’est là que Jésus, le Messie venu visiter son peuple, donne les premiers signes du Royaume et annonce les temps nouveaux.

Capernaüm* : la ville de Jésus

DÉBUT DU MINISTÈRE DE JÉSUS ET PREMIERS DISCIPLES

Capernaüm a joué un rôle particulier dans la vie du Christ. Jésus y a habité pendant un certain temps à tel point qu’elle est même appelée « sa propre ville » (Matthieu 9.1). L’étape de Capernaüm marque son entrée dans le ministère public lorsqu’il a environ trente ans (Luc 3.23). Pourtant, la région était méprisée par les Juifs orthodoxes de la Judée, sans doute parce que les païens y pénétraient librement.
Capernaüm n’était alors qu’un modeste havre aux maisons de basalte noir, niché au bord d’une prétendue « mer » de Galilée qui n’était en réalité que le lac de Tibériade. On devait y respirer les senteurs du goudron, du bois, du chanvre mouillé et des poissons séchant au soleil.
Jésus a commencé à prêcher en disant : « Repentez- vous, car le royaume des cieux s’est approché » (Matthieu 4.17). Il est passé le long de la mer de Galilée et a appelé des Galiléens, le plus souvent pêcheurs de profession, pour devenir des pêcheurs d’hommes à sa suite (Marc 1.18). Simon, André, Jacques et Jean étaient des hommes actifs. Ils ont quitté leur activité habituelle. Avec lui, ils sont entrés dans Capernaüm. Jésus, selon sa coutume, est entré alors aussitôt dans la synagogue et y a enseigné (Marc 1.21).

L’APPEL DE MATTHIEU

À l’entrée d’une ville antique, le bureau de la douane, où toute marchandise est dûment pesée pour en calculer les lourds droits de douane, est incontournable. Les droits sont payables sur place dans la monnaie officielle : la guérite du changeur est juste à côté.
Modeste village de pêcheurs, Capernaüm était néanmoins située sur la route qui allait de Damas à la Méditerranée. La ville était donc un lieu de passage très fréquenté, avec de grands entrepôts utilisés par les commerçants en transit. On y trouvait, ainsi, sur cette ligne de frontière des douaniers ou agents d’octroi qui réclamaient des redevances au nom du fisc royal.
Installé à son poste de péage, Lévi, le futur apôtre Matthieu, était un de ceux-là.
« Après cela, Jésus sort et il voit un employé des impôts. Cet homme s’appelle Lévi. Il est assis à son bureau. Jésus lui dit : “Suis-moi!” L’homme se lève, il laisse tout et suit Jésus. Ensuite, Lévi offre à Jésus un grand repas dans sa maison. Il y a beaucoup de gens qui mangent avec eux : des employés des impôts et aussi d’autres personnes » (Luc 5.27-29).
Cette profession était mal vue, d’abord parce qu’elle se mettait au service de l’occupant romain, ensuite parce qu’on accusait ses employés de s’en mettre plein les poches.
Jésus passe par là. Il voit Matthieu et l’appelle à le suivre. Compte tenu de sa profession, il ne devait pas avoir beaucoup de vrais amis, d’autant qu’il était certainement aussi rejeté par la communauté religieuse. Matthieu a dû se dire : « Jésus me parle ? Celui dont on dit qu’il a guéri un lépreux, chassé des démons, guéri un paralytique et dont les enseignements attirent tant les foules, désire que je le suive ? Il me veut dans son équipe ? » Ce devait être difficilement croyable pour lui.
Matthieu n’a pas pu résister à l’amour de Jésus. Il a obéi. Il l’a suivi.

GUÉRISONS

Un démoniaque (Marc 1.27-35)
Les témoins de cette délivrance sont saisis d’étonnement et s’écrient : « Il commande avec autorité même aux esprits immondes et ils lui obéissent ! Et sa renommée se répandit aussitôt tout à l’entour dans la Galilée. » Le texte ajoute à propos de Jésus : « S’étant levé sur le matin, longtemps avant le jour, il sortit et s’en alla dans un lieu désert ; et il priait là. »

Un lépreux (Marc 1.40-45)
Pour beaucoup de gens, un lépreux était un homme que Dieu punissait à cause d’un grave péché non avoué. Les lépreux étaient de la sorte condamnés à la pauvreté et à la déchéance. Même s’ils étaient guéris, il leur arrivait d’être mal réintégrés dans la société.
Certes, Dieu avait donné des ordres de mise en quarantaine à leur propos dans l’Ancien Testament, mais on y avait ajouté le mépris, le dégoût, et même la condamnation !
Jésus rompt ce tabou. Lorsqu’un lépreux s’approche de lui à Capernaüm, il sait qu’il transgresse la loi, mais il ne s’y attarde pas. Il voit surtout la misère de cet homme et se laisse approcher. Il le touche à son tour et lui donne ainsi raison. Un geste inouï qui le rendait lui-même impur selon la loi religieuse.
Le texte évangélique se poursuit en rapportant que l’homme a témoigné de ce qui lui était arrivé « de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans la ville, mais il se tenait dehors dans les lieux déserts ; et l’on venait à lui de toutes parts ».

La belle-mère de Pierre (Marc 1.29-31)
Dans le contexte moyen-oriental, même si la femme de la maison est malade, elle se lève pour prendre soin de l’hôte. Jésus, qui n’était pas un hôte ordinaire, a refusé d’exercer son privilège. Au contraire, il a voulu prendre le temps d’imposer les mains à la belle-mère de Pierre pour la guérir. C’est alors qu’elle a pu le servir.

Un paralytique (Marc 2.1-12)
Au Moyen-Orient, les toits des maisons sont plats, on vient y prendre le frais le soir. Aujourd’hui encore, on y met le linge et tout son « bazar ». L’accès au toit se fait par un escalier extérieur quand il n’y a pas d’étage.
C’est dans ce contexte qu’il faut visualiser cette scène de l’Évangile où nous apprenons que quatre hommes, ayant entendu que Jésus est « à la maison », n’ont pas trouvé d’autres moyens pour l’atteindre que de hisser leur ami paralysé sur le toit, pour ouvrir celui-ci et descendre l’homme couché sur sa natte aux pieds de Jésus, qui le guérit. Une belle démonstration d’une foi qui a conscience de sa misère et qui se traduit dans les actes en faisant appel au Christ.

Le serviteur d’un haut fonctionnaire (Luc 4.43-54)
Capernaüm était à l’époque un poste-frontière important. Une partie de l’armée du roi Hérode Antipas y stationnait. Pas étonnant donc que l’Évangile relate qu’un haut fonctionnaire du roi est venu supplier Jésus : 
– Viens chez moi avant que mon enfant soit mort.
– Retourne chez toi, ton fils a repris vie lui a répondu Jésus.
Ce miracle de guérison était une anticipation de la grâce du Seigneur en direction des non-juifs.

Une femme courbée, prisonnière d’un esprit mauvais (Luc 13.10-17)
La synagogue de Capernaüm mesurait environ 20 mètres de large et 40 de long. À priori, un endroit était prévu pour les hommes, comme c’est le cas encore aujourd’hui, autant dans des synagogues que dans les mosquées. Soudain, au fond de la salle, Jésus voit une femme malade à cause d’un esprit mauvais. Depuis 18 ans, elle est toujours penchée en avant et elle ne peut pas se tenir droite. Quand Jésus la voit, il l’appelle et lui dit : « Ta maladie est finie. » Il pose les mains sur elle. Aussitôt, la femme se tient droite et elle dit : « Gloire à Dieu ! »

REPROCHES (LUC 10.15)
Jésus n’a pas été tendre avec la ville qu’il a habitée, qui a été témoin de tant de ses miracles : « Et toi, ville de Capernaüm, est-ce que Dieu te fera monter jusqu’au ciel ? Au contraire, il te fera descendre chez les morts ! » Pourquoi ce jugement ? Parce que les gens de Capernaüm, ses anciens voisins, n’ont pas cru en lui et n’ont pas changé de vie à son appel. Ils se sont comportés comme des spectateurs indifférents.
Une leçon à méditer pour nos villes qui portent les traces de la présence chrétienne depuis des siècles. Ces églises et ces temples ne les préservent pas du même jugement que celui que Jésus a porté sur Capernaüm.


Jérusalem la grande*

LA VILLE

Les Juifs considéraient Jérusalem comme le centre du monde. Le Talmud dit que celui qui n’a pas vu Jérusalem n’a jamais vu une belle ville (Talmud de Babylone, Soukah, 51 b). À l’époque de Jésus, on s’y rendait en pèlerinage à l’occasion des trois grandes fêtes de l’année (Pâque, Pentecôte et Yom Kippour). Il fallait compter une semaine de marche depuis Nazareth.
Les pèlerins de Galilée arrivaient par Béthanie puis Bethphagé. Et soudain, du haut du mont des Oliviers, leur apparaissait la ville dans toute son étendue. La première impression était celle d’une ville forte presque imprenable. Une épaisse et haute muraille garnie de tours entourait la cité. Dans l’enceinte apparaissait la masse des maisons serrées les unes contre les autres, comme autant de petits cubes de pierres blanches qui se détachaient sur le ciel bleu. Elles apparaissaient à hauteurs inégales, selon qu’elles étaient situées sur des collines ou non.
Les pèlerins venaient du monde entier à Jérusalem. Les uns, aux robes noires et traînantes, venaient de Babylone. Ceux aux longues houppelandes arrivaient d’Anatolie. Les autres, aux riches vêtements de soie, pérégrinaient depuis la lointaine Perse. Sans oublier ceux qui venaient de Rome, de Libye, et d’Afrique du Nord.
En raison de l’insécurité régnant sur certaines routes, on ne se déplaçait pas seul, mais en groupe. L’atmosphère était à la joie lorsque tous chantaient les chants nationaux et les psaumes. Chacun savait que le salut du monde viendrait de Jérusalem.
À l’époque des fêtes, la population de Jérusalem grandissait jusqu’à 250.000 habitants qu’on hébergeait dans des tentes à la périphérie.
Le mouvement des rues de nos villes actuelles ne peut pas nous donner une idée de la vie de tous les jours dans les grandes cités du monde antique. Au contraire de nos villes, les chars ne circulaient à Rome que la nuit. Le jour, les trottoirs étaient envahis par les étalages des marchands qui n’avaient pas de boutiques fermées. Sur la chaussée circulaient les piétons et les litières. Quant aux chevaux, aux chars et aux voitures, ils ne passaient qu’après la tombée du jour et lorsque les boutiques étaient closes.
II en était de même à Jérusalem. On ne voyait aucun véhicule dans les rues. Quant aux litières, elles étaient rares et d’ordinaire remplacées par des chameaux ou des ânes. Du reste, la plupart des rues étaient si étroites, tortueuses et sombres, que jamais charriot n’aurait pu y pénétrer. C’est à peine si deux ânes chargés pouvaient y marcher de front.
Certaines rues étaient réservées aux boutiques, c’est-à-dire aux bazars (ou souks). Certains utilisaient les coins des rues, des endroits très fréquentés, pour montrer à tous leur piété. Jésus recommande au contraire : « Lorsque tu pries, ne sois pas comme les hypocrites : ils aiment à prier debout… aux coins des rues, pour être vus des hommes » (Matthieu 6.5). Pour Jésus, la prière n’est pas un exercice public, mais une communication personnelle avec Dieu.
À l’époque d’Hérode, la cour du roi et la présence de pèlerins représentaient pour la ville des débouchés commerciaux importants. Les rues de Jérusalem fourmillaient d’acheteurs et de vendeurs, de négociants qui s’occupaient de commerces lointains et de petits commerçants qui vendaient leurs produits dans les boutiques des rues principales. On pouvait trouver dans les magasins les nécessités du quotidien (sandales, tissus, viandes, fruits et légumes) comme les articles de luxe proposés par les orfèvres, joailliers, marchands de soie, de lin et de parfums.
Jérusalem comptait deux jours de marché par semaine en sept marchés différents, dont ceux des forgerons et des marchands de laine et plusieurs marchés au bétail. On peut imaginer que ces marchés florissants faisaient vivre une multitude de petits métiers de rue.


L’ENFANCE ET LE DÉBUT DU MINISTÈRE DE JÉSUS (LUC 2.22-39)

Un homme et une femme de Jérusalem, tous deux âgés, ont accueilli Jésus dans le temple. Siméon a vu en Jésus bébé « le salut préparé face à tous les peuples ». Quant à Anne, la prophétesse, il nous est rapporté qu’elle parlait « de l’enfant à tous ceux qui attendaient la libération de Jérusalem ».
À douze ans, Jésus monte à Jérusalem pour la fête de la Pâque (Luc 2.41-50). C’est à cette occasion qu’il est amené à rappeler son origine divine à ses parents. Alors qu’ils sont très inquiets de l’avoir perdu sur le chemin du retour et qu’ils ne le trouvent qu’après trois jours de recherche, la réaction de Jésus a de quoi surprendre :
« Vous m’avez cherché, pourquoi ? Vous ne savez donc pas que je dois être dans la maison de mon Père ? »
Le début du ministère de Jésus est marqué par une période de jeûne et de prière. C’est à ce moment-là qu’il subit l’assaut du Tentateur qui le transporte en haut du temple pour le mettre au défi : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas. » Nous y voyons l’annonce de l’épreuve décisive qui attendait Jésus et du ricanement des chefs qui le mettront au défi de descendre de la croix : « Il en a sauvé d’autres ; qu’il se sauve lui-même s’il est le Messie de Dieu, l’élu ! » (Luc 23.35).


LES MIRACLES DE JÉSUS : BETHESDA ET SILOÉ

Pendant longtemps, l’approvisionnement en eau de la ville avait uniquement dépendu du tunnel que le roi Ézéchias avait fait construire au 8e siècle av. J.C. Il faisait remonter l’eau de la source de Gihon, vers le grand réservoir, connu sous le nom de piscine de Siloé, situé à l’intérieur des murailles de Jérusalem. Une inscription en hébreu classique datant environ de l’an 700 avant Jésus-Christ, qui atteste de ce tunnel, a été découverte en juin 1880 à six mètres de la sortie de Siloé.
Hérode avait considérablement amélioré l’approvisionnement en eau de Jérusalem avec un système se composant de quatre aqueducs. Ceux-ci apportaient à la ville l’eau de source située dans les collines de Judée, à une vingtaine de kilomètres. L’eau était d’abord conduite à un ensemble de réservoirs. Le système permettait de réguler son débit et d’en stocker une partie, puis elle était acheminée en différents points de Jérusalem.
L’évangile de Jean (Jean 9.1-7) signale que Jésus a envoyé un aveugle se laver les yeux dans l’eau de Siloé. Il mentionne également la piscine de Bethesda, nom qui signifie « maison de la grâce » (Jean 5.2). À l’époque de Jésus, elle était faite de cinq portiques sous lesquels gisaient des malades de toutes sortes qui y cherchaient la guérison ou, à défaut, un peu de soulagement. L’eau de la piscine était alimentée par un des aqueducs. Elle jaillissait par intermittence. Beaucoup de malades se trouvaient là, espérant vainement être guéris. Jésus y a guéri un homme infirme depuis 38 ans.


JÉSUS ET LE TEMPLE

Deux édifices gigantesques dominaient la cité.
Le temple apparaissait comme une ville fortifiée dans la ville. On distinguait à peine, au-delà des formidables murailles qui l’entouraient, plusieurs enceintes successives entourées de portiques et le sanctuaire lui-même. Son toit, très élevé, était tout entier garni d’aiguilles dorées.
Le complexe du temple occupait à lui seul 14 hectares alors que la superficie de la ville était d’environ 120 hectares. Il venait d’être restauré par Hérode et était recouvert de marbre blanc ou d’or. Ses murs extérieurs mesuraient un demi-kilomètre de long, la plus large pierre de taille avait la dimension d’un autocar. Ses dix portes étaient de bronze doré, hautes de 13 mètres. Il fallait une équipe de 20 hommes, chaque nuit, pour les fermer. Le portique royal à lui seul aurait pu contenir sans difficulté une cathédrale. 18.000 ouvriers et 50 années avaient été nécessaires pour l’édifier. La planification des travaux ainsi que les dimensions de l’esplanade du temple témoignaient d’un haut degré de maîtrise.
À une époque, des hirondelles nichaient dans la charpente du temple. On avait alors dressé des flèches recouvertes d’or afin d’empêcher les oiseaux de s’installer sur le toit et de le souiller de leurs excréments.
Les évangiles rapportent que les disciples de Jésus étaient ébahis par la structure grandiose et massive du temple. C’est à cette occasion que Jésus leur a dit :
« Vous voyez tout cela ? Je vous le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre, tout sera détruit » (Matthieu 24.2). Le temple sera effectivement détruit 40 ans plus tard lors du siège de Jérusalem par les Romains, en l’an 70. Un avertissement qui vaut encore pour nos éblouissements d’aujourd’hui !
Le palais d’Hérode était séparé du temple, mais paraissait faire corps avec lui quand on le voyait de loin. Il se dressait tel un cube monstrueux dont la plateforme supérieure dominait toutes les cours intérieures de l’édifice sacré. C’était la tour Antonia, emblème de la puissance romaine.
Tous ces bâtiments avaient été construits sur le dos du peuple pour l’impressionner, l’éblouir et mieux l’assujettir.
À l’époque de Jésus, l’édifice public le plus imposant était le temple, une des merveilles du monde d’alors.

Auteurs
José LONCKE

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Informations complémentaires

* Capharnaüm en français :
Aujourd’hui « un capharnaüm » signifie « bric-à-brac, ensemble de choses disparates et mal ordonnancées ».
L’origine de l’expression vient des évangiles et, en particulier, du fait que Jésus y fut « assailli » par une foule hétéroclite de malades de toutes sortes faisant appel à lui pour recevoir la guérison.
Ce village de Galilée se trouvait aussi dans une région très mélangée au niveau de la société, des religions et des ethnies. Jésus y a passé le plus clair de son ministère terrestre. Il n’a pas eu peur de la mixité...
* À proprement parler, Jésus n’a jamais habité à Jérusalem mais il y a fait des séjours prolongés. Il dormait alors très certainement dans sa proche banlieue.

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