Chapitre 2 - Qu’est-ce qu’un culte ?

Extrait Histoire de l'Eglise

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Chapitre 2 - Qu’est-ce qu’un culte ?

Bernard apprécie celui qu’il appelle Tim. C’est d’ailleurs lui qui l’a proposé pour l’animation d’un prochain culte.

Tim est réfléchi, minutieux. Il aime saisir le sens et la portée des choses. Sa foi est cohérente et profonde. Ce n’est pas la première fois que Timothée vient interroger son pasteur.

Un temps privilégié

Timothée n’assiste pas au culte passivement. Au contraire, il vit à chaque fois le culte au plus profond de lui-même : il participe vraiment ! Enfin… disons qu’il écoute attentivement ! On lui a parfois demandé de lire quelques textes de la Bible mais c’est tout. Il n’est jamais allé au-delà.

Pourquoi donc, le culte de son Église lui procure-t-il à chaque fois cette joie sincère qui lui fait tant de bien ? Il ne le sait pas. Pourquoi tient-il tant à y participer chaque semaine ? Mystère. Comment expliquer que les autres rencontres de son Église n’ont pas le même effet sur lui ? Et pourquoi cet encouragement reçu à chaque fois ? Un mot résumerait tout cela : sa foi est tout simplement fortifiée.

Le culte renouvelle sa conscience de la présence de Dieu dans sa vie. Dans la semaine, c’est une étape qui lui fait du bien, qui le nourrit intérieurement. Une halte bienfaisante, un temps rare où les relations humaines se développent naturellement, spontanément.

C’est aussi un temps où il prend le temps de prendre son temps ! De réfléchir sur lui-même de prendre du recul, d’approfondir ses convictions, de se laisser interpeller, d’écouter ce que le Seigneur veut lui dire et qu’il n’a peut-être pas envie d’entendre.

Le culte, un lieu de retraite ? Oui, mais aussi de rencontres ! Un lieu d’écoute ? Oui, mais aussi de foi partagée avec d’autres. Il y a là une sorte de paradoxe.

Timothée ne se voile pas la face. Il arrive que certains cultes, un peu monotones, le fassent somnoler. Parfois, celui qui l’anime s’empêtre dans ses idées. Il arrive aussi que des initiatives se voulant innovantes le laissent circonspect. Néanmoins, ce temps où couples, célibataires, enfants, jeunes, adultes, vieillards, gens de toutes conditions sociales et de toutes origines se rassemblent est un moment riche de vie. Si riche, qu’il ne regrette pas d’avoir un jour décidé de déplacer son jogging du dimanche matin au samedi.

Un moment impossible à remplacer

Timothée s’est trouvé parfois dans l’obligation de travailler certains week-ends. En compensation son employeur lui avait accordé deux jours en pleine semaine. Étrangement, ces deux jours n’avaient pas le même goût.

Déplacer son jogging à un autre jour n’a pas grande importance et ne change pas grand-chose. Mais être privé de « son culte du dimanche », c’est être privé de quelque chose d’unique. Comme être absent à un bon repas de famille, rater des échanges chaleureux, se sentir un peu exclu…

Timothée ne peut que se réjouir de la résistance des syndicats face au travail du dimanche, même si leurs raisons ne sont pas les siennes. Cette mise à mal du temps de travail rend plus difficile les moments si précieux des rencontres.

Pourquoi donc le culte du dimanche matin est-il si particulier ? Timothée ne le sait pas mais son intuition lui dit qu’accepter d’animer le culte n’est pas anodin. Saura-t-il apporter quelque chose de bénéfique à tous ?

Bernard n’est donc pas surpris par sa demande. Cependant, il aime plaisanter :
— Ta demande m’étonne, tu fréquentes les cultes depuis si longtemps et tu as encore des questions ?
— C’est vrai, mais j’aime comprendre.

Il poursuit :
— D’où vient notre culte ? Je sais bien que nous nous rassemblons pour louer ensemble le Seigneur, écouter sa Parole et chanter notre foi. Notre culte est simple, spontané. Je ne ressens pas le poids d’une tradition pesante. La liberté de parole, les témoignages, tout ça me plait. Mais, nous avons quand même nos petites habitudes que d’autres Églises ne partagent pas. J’ai besoin de mieux comprendre.

Un cadeau de Dieu

— Si tu devais donner une définition de ce qu’est un culte, que dirais-tu sachant que les formes sont parfois aux antipodes les unes des autres ?

Bernard est aux anges. Il aime les questions de fond. La manière dont il répond à Timothée est cependant assez saugrenue :
— Je t’ai vu l’autre dimanche embrasser ton bébé. Pourquoi l’embrassais-tu ? Quand tu l’embrasses, est-ce que ça le nourrit ? Est-ce que ça le lave ou le soigne ?

Timothée sourit.
— Oui, je l’ai embrassé, je le fais souvent… Simplement parce que je suis heureux de passer ce moment avec lui. J’ai besoin de manifester le bonheur qu’il me donne. Pour moi, l’embrasser c’est lui dire merci d’être là !
— Alors vois-tu, Tim, le culte, c’est un peu ça aussi. On y dit merci à Dieu pour sa présence à nos côtés, pour sa fidélité et sa bonté ; merci aussi pour la Bonne Nouvelle que Jésus nous a apportée. C’est un élan sincère du cœur, gratuit, un signe de bonheur et de joie, même quand parfois notre existence traverse des difficultés. J’insiste sur la gratuité. Tu embrasses ton enfant par une sorte de nécessité intérieure. Elle s’impose à toi, mais elle vient de ton cœur. Aucune règle ne t’y oblige ! Eh bien, figure-toi que Jésus n’a jamais ordonné de célébrer un culte. Les Dix commandements eux-mêmes n’imposent pas le culte.

Timothée est assez décontenancé par les paroles de son pasteur. Bernard poursuit :
— Relis dans la Bible ce qu’elle dit sur les prophètes d’autrefois en Israël. Tu verras qu’ils ont été parfois très critiques à l’égard des cérémonies célébrées dans le Temple de Jérusalem. Ce n’est pas pour rien qu’il sera détruit(1) !

Tu ne trouveras pas dans la Bible de commandement à célébrer un culte. Cependant, depuis la résurrection du Christ et jusqu’à maintenant, les chrétiens se rassemblent et célèbrent le Dieu qui les a sauvés(2). Comme le baiser que tu donnes à ton enfant, le culte est d’abord un acte gratuit vécu dans la joie d’un amour éprouvé, amour du Père manifesté en Jésus.

Le pasteur ajoute :
— Regarde toi-même dans la Bible(3). Tu y trouveras l’histoire de cet homme infirme qui mendiait à la porte du Temple de Jérusalem. Deux apôtres, Pierre et Jean, passent par là et le guérissent au nom de Jésus. Que fait-il ensuite ? Il entre dans le Temple tout exubérant. Il marche, saute et loue Dieu. Eh bien, disons qu’il reste dans nos cultes un peu, ou beaucoup, de cette exubérance !

Cette joie repose sur l’enseignement que les apôtres de Jésus nous ont laissé, sur la joie d’être ensemble comme aux tout premiers moments de l’Église.

J’ajouterai que le culte, c’est aussi une forme de discipline spirituelle.

Au mot discipline, Timothée réagit assez vivement :
— Tu me fais peur ! Je n’ai jamais pensé que le culte était un lieu de discipline !
— Tranquillise-toi, j’utilise ce mot dans son sens chrétien, pas pour signifier une contrainte imposée. Je pense plutôt au mot disciple. La discipline, c’est l’art de devenir un meilleur disciple.

Quand le disciple vient célébrer le culte, il choisit librement de marquer une pause dans ses activités ordinaires. Il libère du temps, il se libère lui-même pour redire avec ses frères toute la bonté de Dieu et la reconnaissance qu’il en éprouve. Cette pause le rend à nouveau disponible à l’appel de Dieu. Tu l’as bien compris, Timothée, le culte, ce n’est pas un cérémonial. Le culte, c’est la manifestation communautaire d’une relation avec Dieu. Ensemble, nous lui exprimons notre reconnaissance et notre disponibilité. Ça demande simplement un peu d’organisation pour éviter la pagaille....

Auteurs
Richard GELIN

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Relire en particulier le livre du prophète Jérémie.
2.
Actes des apôtres 2.42-47.
3.
Actes 3.8.

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