La prédication d’évangélisation 1 : Appel

Extrait La prédication

Abonnement aux Cahiers de l'École pastorale

Je m'abonne

Billy Graham preaching r&bPrésentation

Quelle est la dernière fois que vous avez entendu une prédication d’évangélisation, avec un appel à la fin ? Il y a probablement fort longtemps. En tant qu’évangéliste, je le regrette. Et pourtant, je crois que la prédication d’évangélisation de type proclamation/appel a encore sa place dans nos Églises aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que Dieu sauve encore par la prédication de l’Évangile. C’est à la fois une donnée biblique et une réalité empirique.

C’est une donnée biblique. Comme je le rappelais ailleurs :

L’Évangile (en grec euaggelion ou kèrugma) est centré sur la personne et l’œuvre de Jésus-Christ (Ac 5.42 ; 8.35 ; 28.31). Pour les Juifs, l’Évangile est la Bonne Nouvelle de l’accomplissement des promesses de l’Ancien Testament (Ac 2.22-3 ; 3.13-26). Pour ceux qui ne sont pas de tradition juive, c’est la Bonne Nouvelle de l’inauguration d’un nouveau royaume, royaume de paix acquis par la victoire du Christ à la croix sur Satan (Col 2.15).

La proclamation de cet euaggelion fait plus qu’annoncer la venue du royaume, elle la provoque en vertu de la puissance intrinsèque qui l’habite(1). En effet, l’Évangile n’est pas une simple parole humaine : il est parole de Dieu (1 P 1.12) qui produit une nouvelle naissance (1 P 1.23-25). « L’évangile ne rend pas seulement témoignage de l’histoire du salut ; il est lui-même l’histoire du salut(2). La puissance de l’Évangile ne réside donc pas dans le messager, mais dans le message comme puissance (en grec. dunamis, Rm 1.16) de Dieu pour le salut de quiconque croit(3).

Abandonner la prédication de type proclamation/appel serait un drame, un drame théologique. Se pourrait-il que dans un monde sécularisé, nous soyons devenus sceptiques à l’idée que Dieu intervienne de manière puissante dans l’espace-temps pour sauver par le moyen de la prédication, folie pour les hommes, sagesse de Dieu ? Je l’avoue, en tant qu’évangéliste proclamateur, l’idée me hante avant chaque prédication. Seigneur, pardonne mon cynisme !

C’est aussi une réalité empirique. La venue de Billy Graham en 1986 à Paris a été un élément structurant profond de l’évangélisme français. Souvenez-vous, Billy Graham sur les plateaux de télévision, invité à donner une prédication de l’Évangile en trois minutes sur le service public. On en rêverait aujourd’hui… En 1986, j’avais 14 ans. J’ai vu Billy Graham au stade de la Meinau à Strasbourg. Je faisais partie de ces nombreux catéchumènes luthériens venus écouter l’évangéliste américain. De la partie était aussi Emmanuel Maennlein, mon collègue à France Évangélisation. Ce fut le point de départ de son cheminement spirituel, et de tant d’autres cadres de l’Église en France aujourd’hui.
Avec le départ récent d’une génération de géants de l’évangélisation (Billy Graham, Luis Palau, Reinhard Bonnke), l’avenir de la prédication de type proclamation/appel est-il menacé ? Je ne le pense pas. Bien au contraire. À France Évangélisation, nous la pratiquons encore, et je l’enseigne régulièrement dans mes sessions de formation à l’homilétique.

Fort de ces deux convictions, biblique et empirique, je vous livre maintenant cinq conseils pour bien préparer et prêcher une prédication de type proclamation/appel.

I. Prêche l’Évangile du Christ, et non l’évangile du monde

La formule n’est pas de moi. Elle est de David Shutes :

« Il existe deux messages religieux très différents dans notre monde. L'un des deux se présente sous beaucoup de formes différentes, ce qui cache souvent le fait qu'il n'y en a que deux. Celui-ci peut très bien se présenter avec des termes qui sont très similaires à ceux qui sont utilisés pour décrire l'autre, ce qui cache souvent la différence énorme entre les deux. Mais il est absolument essentiel, si nous voulons profiter pleinement de l’œuvre de Christ, de faire la différence : être délivré des problèmes qui nous font souffrir, même de la condamnation pour le péché (qui fait partie des souffrances), n'est pas du tout la même chose que d'être délivré du péché. Le monde veut que Dieu change nos circonstances ; Dieu veut changer nos cœurs(4). »

L’évangile du monde promet la délivrance des conséquences du péché, alors que l’Évangile du Christ promet la délivrance du péché. Ce n’est pas la même chose. Je confesse que souvent, j’ai été tenté de ...

L'accès au reste de cet article est protégé.

Achetez cet article pour le lire en intégralité ou le télécharger en PDF.

Recevez ce numéro
au format papier

12 €

J'achète ce numéro

Téléchargez ce numéro
au format ePub et PDF

8 €

J'achète ce numéro

Abonnement aux Cahiers de l'École pastorale

Je m'abonne

1.
Cf. Mosés SILVA, New International Dictionary of New Testament Theology and Exegesis, vol. II, Grand Rapids (MI), Zondervan Academic, 2014, pp.110-113.
2.
Gerhard FRIEDRICH, Theological Dictionary of the New Testament, vol. II, Grand Rapids (MI), Eerdmans, 1997, p.731.
3.
Raphaël ANZENBERGER, « Évangélisation », dans Christophe PAYA, Bernard HUCK (dir.), Dictionnaire de Théologie Pratique, Charols, Excelsis, 2021, p.420.
4.
David SHUTES, « Deux Évangiles », disponible sur http://www.davidshutes.fr/?post_type=document&p=203. Consulté me 17/07/2023.

Vous aimerez aussi

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail nous permet :

  • de vous reconnaitre et ainsi valider automatiquement vos commentaires après 3 validations manuelles consécutives par nos modérateurs,
  • d'utiliser le service gratuit gravatar qui associe une image de profil de votre choix à votre adresse e-mail sur de nombreux sites Internet.

Créez un compte gratuitement et trouvez plus d'information sur fr.gravatar.com

Chargement en cours ...