Au seuil de la Terre Promise

Extrait Texte de prédication

Prédication « un peu particulière » sur Nombres 25.19 à 27.11.

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Au seuil de la Terre Promise

Préparation

Ce texte m’a été imposé dans le cadre d’une série de prédications sur le livre des Nombres, par une assemblée de jeunes issus de l’immigration. Si on n’a pas le choix, on ne perd pas de temps à se demander sur quel texte on va prêcher ! Mais quand je l’ai regardé une première fois, je me suis demandé comment j’allais faire ! Comment l’histoire des cinq filles de Tselophhad pourrait-elle parler à des jeunes issus de l’immigration ? J’en ai parlé à mes étudiants en cours de prédication, et ils m’ont déjà donné plein d’idées ! J’ai aussi programmé un entretien de plus d’une heure avec une étudiante issue de la même minorité ethnique. Elle m’a beaucoup éclairé sur la situation des jeunes dans leurs assemblées et sur les femmes dans la culture en question, et elle m’a permis de vérifier la pertinence de mes idées. En fin de compte, j’ai été émerveillé par le caractère très actuel du récit.

Je n’ai retenu pour ma prédication que la fin du chapitre 26 (versets 52-56) et les onze premiers versets du chapitre 27. J’ai décidé de lui donner une forme narrative afin de la rendre aussi vivante que possible pour un auditoire comportant à la fois de jeunes adultes, des jeunes et des préadolescents. Je n’ai pas fait de lecture du texte biblique au début, je l’ai gardée pour la fin du message, afin d’entretenir le suspens.

J’ai résumé le message de ce texte de la manière suivante : 

« Les filles de Tselophhad refusent la fatalité de la tradition, elles s’accrochent ensemble à leur héritage, tout en se soumettant aux autorités, et elles laissent un souvenir permanent de leur foi. »

Ce résumé a servi ensuite de trame pour la prédication, qui est divisée en « chapitres », chacun avec son titre. 

J’attache beaucoup d’importance à cette structure, qui est destinée à aider les auditeurs à retenir les idées principales de la prédication. Je la compare aux sacs en plastique que les marchands de fruits et légumes donnent à leurs clients pour leur permettre de rapporter leurs achats chez eux.Ces quatre « titres » de chapitres sont entre parenthèses ici, car au lieu de fonctionner comme des titres classiques, mis en valeur au début de chaque chapitre, ils se glissent dans le chapitre et servent à le résumer.

La possibilité de saisir mes textes de prédication sur ordinateur a révolutionné ma manière de me préparer. Finies la prise de notes fastidieuse, la rédaction laborieuse du texte et la longue mise au propre finale ! Je saisis directement les idées glanées dans ma méditation et dans mes lectures dans la forme de la prédication. Le texte présenté ici a une forme littéraire, en paragraphes, mais mes notes qui en représentaient la quasi totalité, étaient rédigées « une bouchée de mots à la ligne » afin de me permettre de lire le message facilement et de lui donner une bonne qualité d’oralité.

Prédication

Je vous invite à fermer les yeux, et à les maintenir fermés quelques instants. Il fait chaud, très chaud, au moins 30 degrés. Nous transpirons, mais nous avons trouvé un coin d’ombre dans notre tente. Nous sommes très loin d’ici, au Moyen-Orient, au pied des collines désertes qui surplombent la vallée du Jourdain. Au loin, nous entendons bêler les troupeaux de moutons et de chèvres.

Nous sommes remontés dans le temps et nous faisons partie d’un peuple d’esclaves fugitifs, en quête d’une terre. Nous tournons depuis longtemps dans le désert, et toute la génération de nos grands-parents est partie. Il faut trouver une solution maintenant, il est temps de passer à l’action. C’est l’aventure. Cela risque d’être la guerre. Nous allons jouer quitte ou double. Dans l’espace de quelques jours, cela va se décider. Si cela se passe bien, ce sera le bonheur. Si cela tourne mal, ce sera la catastrophe !

(Refuser la fatalité de la tradition)

Je m’appelle Ichod(1), et je suis fils de berger. J’aimerais vous raconter l’histoire de mes cousines. J’en ai cinq. Elles s’appellent Mahla, Noa, Hogla, Milka et Tirtsa. Cinq sœurs. Elles s’aiment beaucoup les unes les autres, elles sont inséparables ! Elles sont courageuses, mes cousines, car elles ont connu le malheur, un malheur terrible. Elles ont perdu leur père, et elles n’ont pas de frères. Moi, en tant que cousin, je fais ce que je peux, mais ce n’est pas grand-chose.

Mon oncle, du nom de Tselophhad, était quelqu’un de bien. Je l’aimais beaucoup. Mon oncle avait une grande foi. Il avait confiance dans l’avenir. Il n’avait pas peur de la guerre. J’aimais bien l’entendre raconter tout ce qu’il allait faire, le jour où il arriverait dans le nouveau pays. C’était un homme pratique. Il avait plein de projets. Je suis sûr qu’il aurait fait plein de belles choses. Mais il est mort, en laissant une veuve, et cinq filles orphelines. Juste au moment où la vie commençait à leur sourire, c’était la grosse claque !

Mes cousines sont jeunes, et ce n’est pas facile, mais elles ne se découragent pas. Je les admire. Mais comment vont-elles faire ? Comment vont-elles se marier, si leur père n’est pas là pour payer la dot ? Elles se retrouvent sans rien ! La vie n’est pas tendre pour une fille sans père ni frères. Vous savez comment cela se passe : tout de suite, c’est « Tais-toi, tu n’as pas ton mot à dire, t’es une fille ! » 

Les filles n’ont pas le droit de réfléchir et d’avoir leur opinion. Les filles qui expriment ce qu’elles pensent, cela dérange. Elles ont tout juste le droit de se taire et de faire la cuisine ! Dans notre culture, les filles ne reçoivent pas d’héritage ! Ce n’est pas dans nos habitudes ! Cela ne sert à rien de leur donner de la terre ! Les filles ne sauraient même pas quoi en faire ! Mes cinq cousines, pourtant, sont intelligentes, et elles sont déterminées. Elles n’ont pas froid aux yeux, elles savent ce qu’elles veulent et elles ne se laissent pas faire.

Elles refusent d’être enfermées par la tradition ! Elles ne se résignent pas. Ce n’est pas parce que leur père est mort et que les filles n’ont pas le droit d’hériter qu’elles vont renoncer à ce qui est juste ! Il doit y avoir une solution ! Tant pis si la loi ne prévoit pas que les filles puissent hériter de leur père, il faut changer la loi ! Ce ne serait que justice qu’elles héritent à la place de leur père, et qu’il y ait une terre pour leur famille !

(S’accrocher ensemble à son héritage)

Comme mon oncle, mes cinq cousines croient dur comme fer dans les promesses de Dieu ! Dieu nous donne un nouveau pays. Tout le peuple va s’installer. Mes cinq cousines sont tellement heureuses d’y arriver enfin. Elles ne veulent pas passer à côté ! Depuis tant d’années, elles attendent une part de la terre pour leur famille. Elles ne voudraient surtout pas que le souvenir de leur famille soit effacé à tout jamais !

Comprenez-moi bien ! Il ne s’agit pas d’égoïsme, et encore moins d’un caprice ! Cette idée n’est pas venue dans la tête de mes cousines toute seule ! Elle a été inspirée par leur foi. Leur demande est légitime. Elle correspond au projet de Dieu pour son peuple dans la Terre promise.

C’est comme cela que, tôt ou tard, mes cousines vont arriver à leurs fins. Mais toutes seules, cela aurait été très difficile, elles auraient été vite découragées. Toutes seules, elles ne faisaient pas le poids. Elles sont cinq, elles se serrent les coudes, elles s’accrochent et elles sont solidaires. L’union fait la force ! Elles iront loin comme cela !

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Auteurs
André POWNALL

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1.
Cf. 1 Chroniques 7.18.

Informations complémentaires

Professeur de théologie pratique à l’Institut Biblique de Nogent-sur-Marne.

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